15 décembre 2012

Ordinateur cérébral

Illustration « Automates intelligents »

M. qui prétend qu’il n’a aucune mémoire (ça dépend pour quoi), se repose en général sur ma pomme (si l’on peut dire*) pour toutes les questions d’organisation, à tel point qu’il a fini par me considérer comme omnisciente dès qu’il s’agit de calendrier ou d’horaire. 
Certes, je me parfume d’être cyberdataire, mais ça n’est pas une raison ! Ma mémoire a ses limites, elle est sélective, en plus, je ne vois pas pourquoi je devrais me souvenir de choses qu'il est inutile de se rappeler dans la mesure où elles sont consignées ailleurs que dans ma matière grise.
Aussi, lorsque tout à l’heure M. m’a demandé à quelle heure arrivait le train de notre fille le 22 décembre prochain, me suis-je un peu énervée et lui ai-je répondu sèchement — « M'enfin, quoi, je ne suis pas un ordinateur ! ».
Alors M., désarmant : — « Tu es ce que je vois qui ressemble le plus à un ordinateur ».

* J'utilise unPC

13 décembre 2012

Papautwitt

Le pape envoyant en grande pompe son premier twitt


1
Elle a tweeté, 
Sa Sainteté, 
Nous envoyant 
Virtuellement 
Saintes salades 
De son iPad.

(refrain)
Qu’il est balèze 
Ce Benoît seize ! 
Il est hyper 
Branché l’saint père !

2 
De son index,
@pontifex 
A tapoté. 
La papauté, 
C’est historique, 
Est numérique. 

(refrain) 

3 
Quand il bénit 
Urbi, orbi, 
Les saints octets 
Sont transportés 
Par la magie 
De son Wifi, 

(refrain) 

Car le Wifi 
Nous édifie : 
Il véhicule 
La moindre Bulle 
Et l’Encyclique 
D’un simple clic. 

(refrain) 

5 
Les cardinaux,
Pas parano, 
Lisent saint Paul 
Sur leur Apple : 
C’est la liseuse 
Miraculeuse. 

(refrain) 

6 
De Saint-Sulpice 
Aux gardes suisses 
Du Vatican
C’est folie quand 
Le pape tweete 
Ses sacrés bits ! 

(refrain) 


07 décembre 2012

Scaphoïde


Mon poignet droit serré dans une attelle moche
À l’instar de Clavel (1) j’écris de ma main goche
Et j’essaie de manier de même ma souris
Au risque que mes vers ne soient pas bien écrits.
On a tous au poignet un petit scaphoïde
En forme de bateau, comme, bizarroïde,
Son nom l’atteste aux amateurs de grec ancien :
C’est en tombant au sol que j’ai cassé le mien.
Pendant que j’opérais ma funeste pirouette,
Par un réflexe inné j’ai protégé ma tête
Pour éviter son choc sur les pavés liégeois
Qui en l’écrabouillant (j’y songe avec effroi)
Auraient privé la postérité d’une immense
Et passionnante communication (je pense)
Que je devais donner le lendemain matin
À l’Université devant tout le gratin
Des queniens érudits, des savantes queniennes
Réunis en colloque (2). Il fallait que je vienne.
Il le fallait si bien que j’ai donc fait l’effort
Les deux mains en avant pour saisir un décor
D’ailleurs inexistant(3), (mais keskeu je raconte ?
C’est Raymond Queneau qui à la tête me monte)
Le décor des pavés existait bel et bien,
Mon poignet (et un peu mon genou) s’en souvient.
Au resto où j’allais on me mit de la glace
Et puis après j’ai attendu que ça se passe.
Une nuit là-dessus, tout aura disparu
Me disais-je in petto, mais de nuit il n’y eut,
Car je n’ai pas dormi malgré l’Ibuprofène
Que l’on m’avait donné par charité chrétienne.
Le matin, ô mâtin, pour me brosser les dents,
Me sécher les cheveux et me (soyons prudents
Et taisons par respect un certain autre geste
Qu’on accomplit sans y penser, d’une main leste,
Après être resté un temps aux cabinets,
Je n’en dirai pas plus mais vous me comprenez)
Attacher mon soutif fut aussi difficile,
(Pour les contorsions je suis très malhabile)
Quant à tirer sur une fermeture éclair,
Il n’était pas question d’essayer, c’était clair.
Bref ce fut compliqué, ce malgré la tendresse
Quelquefois disons-le teintée de maladresse
D’un époux qui lui-même dans les escaliers
En sortant de l’hôtel avait mal mis le pied
Et qui s’était froissé quelque part dans le râble
Un muscle par ailleurs tout à fait admirable.
Le samedi matin se présentait donc mal,
Mais par un curieux effet paradoxal,
Je pus dérouler sans douleur et sans grimaces
(Et même en souriant aux passages salaces)
Le fil de mon discours qui traitait du Chiendent.
Rien n’était oublié malgré mon accident.
J’ai parlé des Marcel et j’ai parlé de Cloche,
Des rêves de Queneau, d’Engels et puis des Coches,
Tout cela dans le temps qui m’était imparti,
Mais je suis bien contente que ce soit fini.

EC

1) Michel Clavel De ma main gauche, éditions de l'Attente
2) Le colloque international « Parentés, Queneau et l'esprit de famille » a eu lieu à Liège les 29-30 novembre et 1er décembre derniers.
3) Citation de Raymond Queneau, l'explication des métaphores, poème des Ziaux (Gallimard).

26 novembre 2012

Marrons glacés à l'UMP

Le pélous, c'est la bogue de châtaigne
Sur LCI, en attendant la déclaration de la commission de contrôle de l'UMP, Éric Woerth joue les mecs cools.
— C’est bientôt la période de Noël, une période d’apaisement, en général, dit-il avec un sourire tendre.
— Oui, dit M. ils vont s’envoyer des marrons glacés. Mais y en a qu’auront pas enlevé le pélous !

25 novembre 2012

Erik Satie et l'Oulipo

Olivier Salon et Martin Granger
Soit une lecture plaisante sur Erik Satie, présentée par Olivier Salon lors d’un Jeudi de la saison dernière, dans le petit amphithéâtre de la BNF (le gros était pris). Soit une conférence loufoque de Martin Granger, présentée par exemple à Lille lors d’une journée Perec, sur la compression de la musique pour gagner du temps. Soit ensuite une commande du conservatoire de Montreuil pour son festival « Les Rencontres inouïes », rencontres entre deux artistes venant d’univers différents, quelle bonne idée, et la décision d’Olivier Salon de faire de ces deux prestations un spectacle nouveau. Soit enfin l’intervention décisive d’un metteur en scène talentueux, Benoît Richter. Et voilà tous les ingrédients d’une représentation originale (1), accessible à tous, courte et drôle, dénuée de toute prétention, mêlant les cultures musicale, littéraire et informatique pour le plus grand plaisir d’un public qui ne s’y est pas trompé, rappelant plusieurs fois le trio sur scène par ses applaudissements enthousiastes. 

Alors que le très sérieux conférencier Olivier Salon, avec la solennité qui s’impose, expose à l’auditoire la vie et l’œuvre de Satie, qui est tout sauf sérieuse ce qui provoque déjà quelques gloussements dans l’assistance, un second conférencier, Martin Granger, look Steve Jobs, profitant d’une maladresse du premier qui cherche ses notes tombées par terre, entame au nom de sa société Process Optimization Performance un exposé sur la compression musicale, vecteur de rentabilité et de gain de temps. 

Le télescopage des deux conférences est prétexte à de nombreux gags de situation, de textes, et finalement de musique, puisque la première Gymnopédie de Satie, jouée en intro par Olivier Salon, subira toutes les méthodes de compression prônées par Martin Granger, dont la suppression des répétitions inutiles, la suppression d’une mesure sur deux, l’accélération de la voix par inhalation d’hélium, ou à la fin l’exécution en une seule mesure de l’ensemble des notes de ladite Gymnopédie (sans perte d’information, donc, précise notre cadre informaticien). Bon an mal an, Olivier Salon réussit malgré tout à informer son public sur la vie, la liaison, la maison, la tombe et le monument de Satie, tandis que les textes géniaux du musicien sont passés à la moulinette oulipienne de la contrainte du prisonnier, du ventriloque ou du caviardage. Un concours d’acrostiches sur noms de musiciens sera gagné à la fin par Olivier Salon avec « Rimsky Korsakov » par abandon de son adversaire.

Le spectacle sera redonné le 19 janvier à Lille, et peut-être prochainement à Arcueil. Le succès qu’il a rencontré devrait, on l’espère vivement, inciter des distributeurs à l’intégrer dans leur programme.

EC

(1) Si vous voulez vivre longtemps, vivez vieux, Conférence en forme de poire, Olivier Salon, Martin Granger, Benoît Richter. La première représentation a eu lieu dimanche 25 novembre 2012 à l'Auditorium Maurice Ravel du Conservatoire à rayonnement départemental de Montreuil.

24 novembre 2012

Les filles de Camaret

le port de Camaret
(photo http://www.jpphoto-fr.com/Paysages.htm)

Les filles de Camaret ne jouent plus au tennisse (bis)
Car leur coach était si con
Qu’il ne leur montrait que son
Pénisse (ter)

Ô fille de Camaret, où est ton pucelage ? (bis)
Il est resté sur le court
Depuis j’ai au lieu d’amour
D’la rage (ter)

Les filles de Camaret sont allées en justice (bis)
Elles se sont bien battues
Pour que ce vil trou du cul
Croupisse (ter)

L’entraîneur de Camaret se branle la quéquette (bis)
Tout seul dans son trou à rat
Jamais ne retouchera
D’raquette (ter)

EC


21 novembre 2012

Fillon/Copé, la compile

via @Salam93
Quand vers 15 h 30, les gazouillis de ma TL sont devenus assourdissants avec l’annonce du clan Fillon qui nous apprenait que la COCOE avait « oublié » les voix de certains DOM TOM, j’ai été certaine que ma cueillette de bons mots allait être fructueuse. 

Télescopages 
Comme toujours, les twittos se sont amusés à télescoper la nouvelle avec d’autres actualités plus ou moins chaudes. La fin du monde des Mayas, par exemple : selon les derniers calculs, dit @BeautifulLoser, les Mayas se sont trompés. C'est pas la fin du monde, le 21 décembre, mais la fin de l'#UMP ! La perte du triple A aussi en a inspiré certains, comme @KoliaDelesalle2 : Du coup, Moody's décide de passer la note de la France à AhAhAh. #UMP. Tout comme l’annonce selon laquelle le tableau de Fragonard ne représenterait pas Diderot inspire @Ribouldingue1: La journée de toutes les révélations: Fragonard n'a pas peint Diderot et l'#UMP n'a pas élu #Copé... » Les récents avatars du sport cycliste inspirent le tweet suivant : Officiel : La Cocoe rend ses sept maillots jaunes à Lance Armstrong.  @regis_alenda, un scientifique sans doute, déclare : BREAKING : L'#UMP se voit décerner le prix Nobel de physique pour son président de Schrödinger.  Le gaz de schiste fait dire à ‏@KoliaDelesalle2 : À force de creuser dans le ridicule, l'UMP va trouver du gaz de schiste. #cocoe. 
Mais c’est le mariage pour tous qui évidemment inspire le plus :
Revirement à l'UMP qui défend désormais le marrage pour tous, dit smejanes. On vient de célébrer le premier divorce gay de France à l'#UMP. Qui va garder les électeurs ?#marine enchaîne un autre. Et l’on plaisante sur le nombre de papas quand l’éventualité d’un recours à Juppé est évoquée : Non content d'avoir deux papas, l'#ump en veut un troisième #Juppé. En fait, ils avaient raison : après l'homoparentalité, la polygamie ! s’exclame @AntoineTifine. Finalement, le divorce pour tous, c'est un premier pas...  renchérit @iordanoff. Et Pour un homophobe, Copé se fait quand même copieusement enfiler, constate @Gaelle_Jeanne. 

Gauche et droite 
Beaucoup de twittos, en dehors des télescopages, sont tentés de mettre gauche et droite dos à dos, ou du moins de les comparer dans leur façon de s’autodétruire : BSportouch nous confie : On se croirait presque à la CGT, me glisse une collègue qui connaît très bien la question. Pour ‏@B_Roger_Petit, blasé, une mise à jour de Que le meilleur perde, de Bon et Burnier, s'impose : L'UMP et ses présidents, Hollande qui a peur de Frigide Barjot. Près de ses sous, @LaLangelliere renchérit : Paye, petit Français paye, ta gauche est molle et ta droite est folle. Arlette Chabot, retweetée par Bruno Masure, réagit sur le recours à Juppé : Et dire que l' #UMP raillait @harlemdesir (PS), si @JuppeAlain assure l'intérim, je signale que son casier judiciaire est bien plus chargé. On peut aussi mettre l’événement en relation avec un autre à venir. Pour @humourdedroite, très actif, Heureusement que demain la possible mise en examen de Sarkozy va éclipser le drame à l'UMP

Franche rigolade 
Mais le plus souvent, on se laisse aller à une franche rigolade. Les auteurs des Guignols annoncent leur intention de poursuivre Copé et Fillon en justice pour contrefaçon, prétend‏ @Nain_Portekoi, tandis que @DJKweezes nous fait partager sa joie : L'avantage de travailler dans un Open Space, c'est que TOUT L'OPEN SPACE se fout de la gueule de l' #UMP et de la #COCOE. Rhorvais voit dans l’affaire un grand bazar, ou le remake du film des #Charlots alors que @FrantzRogeon entonne le refrain de Dallas : U-M-P, ton univers impitoyaaaaaaaaaaableuh. @humourdedroite, quant à lui, se fait homérique : AHAHAAHAHAHAHAHAHAHAH ! rigole-t-il sur 3 lignes.

Jeux de mots 
Les adeptes des jeux de mots laids et des calembours bons s’en donnent à cœur joie avec la COCOE. Selon @ofalsen, un proverbe africain dit : Faut pas monter au coco(e)tier quand on a pas le derrière propre ».Ca cree la Cocophonie. Et ‏@Petit_Prof ajoute : Le socle cocomun de cocompétences. #Cocoe #suisàfond, sur quoi elle annonce : Bon ben je vais cocoriger mes cocopies. Les jeux de mots ne se limitent pas à Cocoe, comme le prouve ‏@PHPINAUD : L'#UMP copé en deux, @juppealain a trouvé le bon fillon pour assurer provisoirement la présidence du parti qu'il a fondé en 2002, ou les twittos qui réinventent la signification de l’acrostiche UMP :  l'Union à Moitié partagée selon @nbongarcon, l’Union des Mauvais Perdants selon‏ @Mil_Hood. 

Dom Tom
Il y en a que cela ne fait pas rigoler du tout, ou que ça fait rire sarcastiquement. Ce sont les gens préoccupés par les Dom Tom et par l’histoire raciste récente du pain au chocolat de Copé. Ainsi @MohssinePowers qui grince : Wallis et Futuna, Mayotte et la Nouvelle Calédonie c'est pas des vrais Français, hein ? Enfin, Je me comprends, soutenu par‏ @fischer_sofia : Manquerait plus qu'on s'mette à comptabiliser les voix des gens colorés, et par @bambamlau : On m'annonce à l'oreillette que @jf_cope dénonce le vote des DOM TOM comme du racisme anti-blanc, ca ne peut donc pas être comptabilisé. @humourdedroite, encore lui, annonce : Voix des DOM-TOM : Copé dénonce un «vote communautaire»  et poursuit dans un autre tweet,,Tu vas voir qu'après les noirs, ils vont s'apercevoir qu'ils n'ont pas compté non plus les voix des pédés ! @PippinLeGrand fait mine de s’étonner : Ha parce que les DOM-TOM ont obtenu le droit de vote ? Je suis sûr que comme moi Copé et Fillon n’étaient pas non plus au courant.

Militants 
Mais les plus tristes, ce sont évidemment les militants, qui s’expriment sur #UMP ou #TeamFillon. ‏@EnsembleNS reste debout pendant le naufrage. Notre parti est entrain d'imploser, je suis triste et déçu à la fois. Faut rester fort. #UMP, mais d’autres laissent libre cours à leur détresse comme @hmmorelle : c'est ridicule ! La #TeamFillon fait n'importe quoi ! Ils sont en train de faire voler en éclats sanglants notre parti !  ‏@christol15 déserte :  j'en ai marre je suspends mon compte je reviendrai quand cela sera + calme salut. @Roigebrageldi déplore #Hollande commençait à ramer sérieux avec le mariage pour tous, heureusement l' #UMP alimente le buzz... #Gâchis. @Anouarius analyse : Depuis la disparition du Gl De Gaulle, la « droite » française a connu d'une façon cyclique des épisodes tel que celui que connaît l'#UMP. ‏@grivalland condamne : Tout ceci est navrant. C'est l'ensemble du travail des militants de terrain qui est entrain d'être discrédité par les nationaux, aussitôt rabroué par un collègue : Bon, arrête de brailler. C'est à cause de mecs comme toi que l'#UMP doit avoir honte ! Milite pour la France, pas pour toi. ‏@blogdedroite appelle au secours : Nous réclamons la création d'un conseil des sages à l'#ump, constitue des anciens chefs du parti, chargé de publier les résultats internes.

Ironie
En dehors de la franche rigolade, des télescopages ou des jeux de mots, les tweets destinés à faire rire leurs lecteurs se cantonnent plutôt dans le domaine de l’ironie. Ils sont nombreux. 
Aaah ce magnifique congrès qui était censé redonner un souffle d'air frais à l' #UMP fait semblant de regretter @Robeskarl. Fraude dans les fédérations d'Outre-Mer, 1.300 voix comptabilisées mais seulement 400 personnes présentes à l'apéro dénonce @MLcomedyclub. On fait des suggestions comme @OldSatriale : Maintenant qu'on a commencé a se poiler il faut aller au bout. Nadine Morano présidente de l'#UMP, je ne vois plus que ça ! Le malin @KoliaDelesalle2 écrit Leçon n°1. Apprendre à reboucher le champagne. ‏@CGT_Ifop parle pour sa paroisse : #CopéFillon auraient mieux fait de commander à l'#Ifop un #sondage "sortie des urnes" : nous serions fixés depuis belle lurette ! et @vincentglad met en garde : Ne vous emballez pas, d'après l'indicateur «Pécresse Face», c'est bien Jean-François Copé qui a gagné. Il est vrai que Valérie Pécresse tire une gueule terrible. @Jeromelibeskind s’étonne : Si j'ai tout bien compris la Cocoe avait recompté des voix qui n'avaient jamais été comptées, ‏@Maitre_Eolas délivre ses conseils : Amis fillonistes, rappel important : vous avez jusqu'à vendredi minuit pour saisir la commission des recours par LRAR. #PolomPolom, @oliviertesquet lance : Élection à l'UMP : l'ONU propose une médiation belge, @Balmeyer résume : Plus Copé a moins de voix, moins Fillon a plus perdu que lui. Enfin je crois. Des fausses « chaînes » circulent : RT SI T'ES POUR L'ARBITRAGE VIDEO LORS DES PRIMAIRES UMP. ‏@bensuch n’hésite pas et Propose formation Excel à l' #UMP pour apprendre la formule =SOMME() à #copé et #fillon #epicfail. Tandis que @GregoirePotton se demande si C'est Gilbert Montagné qui comptabilise les voix à l'UMP ? Désabusé, @Jeromelibeskind se dit que Si ça se trouve la Grèce aura remboursé sa dette avant que l' #UMP ait un nouveau président #siçasetrouve et ‏@KoliaDelesalle2 conclut : Je propose qu'on déclare officiellement le match nul.

EC

20 novembre 2012

Anniversaire oublié

Nom d'un petit bonhomme ! En rédigeant quelques lignes de biographie pour une intervention que je dois faire en décembre, je réalise que j'ai laissé passer un anniversaire de taille, celui de ce blog même, lequel a maintenant plus de 10 ans ! C'est quand même beaucoup, pour un blog. Je n'en reviens pas d'avoir persévéré. Voici le premier post de Blog O'Tobo, le 8 octobre 2002.

12 novembre 2012

Le prix international « littérature vieillesse » annulé pour cause de dopage !


Réuni le 26 octobre 2012 pour la quatrième édition du prix « littérature vieillesse » qui récompense les ouvrages de littérature molle et peureuse, débilitante, ennuyeuse et niaise, le jury franco-belge s'est abstenu de couronner un candidat. Non qu'un élixir de jouvence se soit mis à dégouliner sur des têtes autant à claques que de gondoles, mais parce que des doutes sur l'équité entre concurrents se sont élevés.

Atteindre certains sommets de la sénilité précoce ne se peut par des moyens strictement naturels. Des faits d'auto-transfusion aidant à vaincre la page blanche et la prise de substances permettant d'accélérer le raccourcissement des télomères sont avérés; des traces d'encre performante oxygénée (EPO) ont été relevées dans les urines des candidats par le laboratoire de l'Observatoire Bruxellois du Clinamen.

Devant la gravité des soupçons, soucieux de préserver un gâtisme sain, le jury a annulé les résultats des années précédentes. Les noms de MM. Guillaume Musso, Marc Lévy et Alexandre Jardin sont donc rayés du palmarès. Ils ne laisseront même pas de traces dans les latrines. Ils devront restituer au jury les charentaises « premier prix » remises en guise de trophée.

Le jury : Léger-Péril, Docteur Lichic, Christine Ferriocci, Théophile de Giraud, Corinne Maier, Theo Poelaert (excusé), Laurent d'Ursel, Johan Buyens.

(communiqué)
Plus sur le prix littérature vieillesse : 
sur le site satiricon.be

19 octobre 2012

Mémoire et marathon

Les cent kilomètres de Millau
Bien qu’il fasse volontiers le jeune-homme, mon coiffeur a atteint un âge où, comme le dit Coluche, les bougies commencent à coûter plus cher que le gâteau. Mais il sait s’entretenir, et pas seulement d’un point de vue capillaire. Mon coiffeur est en effet marathonien. Il court avec ses copains chaque semaine, et participe aux grands événements annuels, tels les cent kilomètres de Millau. Cette année, ils se sont courus sous la pluie du cinquantième au dernier kilomètre. C’était dur, surtout pour les pieds. La peau des talons mouillés se fripait dans les chaussures, me dit-il, comme celle des doigts d’un bébé resté trop longtemps dans son bain. Aussi, une fois arrivé, après plus de quinze heures d’efforts, mon coiffeur a-t-il pensé à se réconforter avec ses potes plutôt qu’à appeler son épouse. Inquiète de l’état de sa mémoire, celle-ci l’a persuadé, à son retour à Paris, de se faire examiner par un neurologue. L’homme de l’art ordonna une IRM, pendant laquelle mon coiffeur, d’un naturel confiant et optimiste, s’endormit, malgré le bruit. Au réveil, on discute devant les clichés de l’IRM qui montrent un cerveau parfaitement normal : 
— Mais quand je l’envoie me chercher une baguette, il part, et il revient sans la baguette, explique madame. Alors, mon coiffeur, au neurologue : 
— Que voulez-vous, quand j’étais petit, on n’a pas arrêté de m’inculquer que Marignan, c’était 1515, et ça je ne l’oublie pas. Si vous pouvez m’enlever Marignan de la tête et mettre la baguette à la place, je suis d’accord !

12 octobre 2012

Nobel de la paix, suite

Montage E. C.
Le point Godwin a été atteint brillamment ce soir à la table familiale, par M., qui a avalé son crumble de travers en entendant Marine le Pen dire que l'Union européenne était le premier facteur de désunion et fustiger le comité Nobel qui l'avait couronnée.

— Oui, déclara-t-il avec emphase au poste de télé. C'est sûr qu'ils auraient pu l'attribuer à Hitler à titre posthume !

Prix Nobel de la paix

— Tu as entendu ? dis-je à M. qui s'occupe des courgettes dans la cuisine. Devine à qui ils ont donné le prix Nobel de la paix !
— Je ne sais pas dit M.
— À l'Union européenne !!!
M. réfléchit un instant.
— C'est normal, me dit-il, ils ne pouvaient décemment pas lui donner le Nobel de l'économie.

02 octobre 2012

Queneau de la Vergondère, ou le Chiendent mongol

En vacances en Ardèche à la mi-septembre, j’entendis un jour, pendant la sieste, M. pousser un cri. — « Viens voir ! » Je me penchai sur l’écran du petit PC portable qui affichait la page Wikipédia consacrée à Queneau, et mes cheveux se dressèrent sur mon crâne. 

J’y lus que mon auteur préféré était né à Montpellier en 1902, mort à Paris en 1980 à l’âge de 78 ans, que ses langages d’écriture étaient le français, le japonais et l’allemand, qu’il s’appelait en réalité « Queneau de la Vergondère », et que c’est lors d’un voyage en Mongolie qu’il avait écrit Le Chiendent !

Que faire ? J’interviens, de temps à autre et sous différents pseudonymes, sur des articles de Wikipédia. Il m’aurait donc été possible en théorie de rectifier l’article, mais les ondes Wifi de nos voisins, pour pénétrer jusqu'au PC portable, doivent traverser l’épaisseur des murs de pierre ardéchois, ce qui rend notre connexion de vacances aussi précaire qu’aléatoire. 

Ayant retrouvé à Paris des conditions plus confortables, j’ai pu constater que la vérité historique avait plus ou moins repris ses droits et que l’article avait été remis dans un de ses états initiaux par un Michel-Georges Bernard, lequel précisait être intervenu à la suite d’une « plaisanterie ». 

Une plaisanterie ? Il suffit de se pencher sur l’historique et les discussions archivées par Wikipédia pour voir que son auteur, un certain « Senuoy97 », nouveau sur Wikipédia, l’avait renouvelée à plusieurs reprises avant d’abandonner — définitivement ? nous ne sommes que le 2 octobre — vers le 30 septembre. 

D’autres intervenants invoquaient des « corrections de date par un IP sans source ». En effet, pour corriger un article, surtout s’il s’agit de corrections de fond, pas de typo ou d’orthographe comme les miennes, Wikipédia impose que l’on soit identifié. C’est sans doute pour cela que notre plaisantin s’est enregistré sous le pseudonyme « Senuoy97 ». 

On peut noter que Senuoy donne Younes à l’envers, un prénom arabe qui ressemble très fort au prénom biblique Jonas, et que 97 peut tout aussi bien désigner une origine géographique dans les Dom Tom qu’un numéro d’ordre (le 97e Senuoy).  Mais tout cela ne nous mène à rien.

Parmi lesdits intervenants, un certain Arcane 17 annonce avoir « retiré de l’article » un « Paragraphe indémêlable » que voici : 
« Lors d'un voyage en Mongolie en 1932, à l'écart entre les langues parlées et les langues écrites, écart flagrant pour le grec moderne, mais très creusé aussi pour le français. Il précisera ces réflexions dans des articles sur le « néo-français », et les utilisera ici et là dans ses romans, comme le très fameux « doukipudonktan » ouvrant Zazie. Il y composa également son premier roman, Le Chiendent, qui fut publié en 1933. (Pour l'occasion fut créé le Prix des Deux-Magots). D'autres livres suivront, romans et recueils de poèmes, sans succès public dans un premier temps. » 
En effet, c’est non seulement indémêlable mais même indémerdable ! Sans doute le choix de la Mongolie pour remplacer la Grèce a-t-il été suggéré à Senuoy97 par cet extrait d’un texte de Michel Leiris, l’ami de Queneau : 
« Un autre trait qui me frappe chez lui, c'est son horreur de l'exotisme. Vous savez, bien sûr, qu'il n'aime guère les voyages, et cela peut surprendre puisqu'on lui connaît une curiosité inlassable à l'égard de toutes choses. Sans doute regarde-t-il l'exotisme — cette mythification de ce qui est étranger — comme une mystification pure et simple. » 
La mystification qui nous occupe, celle de Senuoy97, quel but poursuivait-elle ? Pourquoi s’attaquer à la bio d’un auteur français somme toute assez peu controversé de nos jours, pour y faire des modifications sans enjeu politique ni idéologique ni même littéraire ? Et s’il y a plaisanterie, qui fait-elle rire et de qui se moque-t-on ? 

Intéressante question à laquelle pour le moment je ne vois qu’une seule réponse possible : monsieur Senuoy97 est prof de français dans un lycée, il prépare au bac littéraire une tripotée de boutonneux incultes qui ne savent pratiquer que le copier-coller pour rédiger leurs dissertes. Il cherche donc à les piéger la main dans le sac, et, pour cela, modifie les parties les plus « énormes » de la bio de Queneau sur Wikipédia,  source principale des boutonneux : son nom, ses date et lieu de naissance, les circonstances de la création de sa première œuvre. 

Si quelqu’un a une autre explication, je suis preneur ! 

Il ne me reste qu’à déplorer l’état de l’article français sur Queneau dans Wikipédia, même corrigé. Nulle mention de Janine Queneau, allusion à la « bibliothèque de la Pléiade » au lieu de l’encyclopédie, mention du Surréalisme et pas de la ’Pataphysique dans l’encadré de droite sur les mouvements, et j’en oublie. L’article en anglais est bien meilleur, il aurait suffit de le traduire pour éviter les bourdes. 

Quand donc les spécialistes français des études queniennes — et j’en connais un certain nombre — réaliseront-ils l’importance d’un article Wikipédia et la nécessité de participer à sa rédaction ?

18 septembre 2012

À Urt




À Urt où est enterré Barthes
À côté de sa mère morte,
Sans croix, sans couronne, sans myrte,
On pousse la porte entrouverte,
De l’église aux murs de yaourt,
Et voilà que le temps nous heurte.



23 juillet 2012

Ode à la drosophile


Je veux chanter la drosophile
Et son génome séquencé.
Sur notre recherche avancée,
Ce beau diptère se profile.

La confiture, elle en raffole,
Elle aime bien les fruits pourris, 
Les jus et le vinaigre aussi.
On la dit holométabole.

Quand pullulant elle dérange,
On la surnomme « moucheron ».
Elle a des yeux rouge marron,
Ou rouge plus vif, presque orange.

L’espèce melanogaster
Est de loin la plus étudiée :
C’est la plus simple à élever
En biologie moléculaire.

Sa vie n’atteint pas trente jours,
Mais elle se reproduit vite.
Avec sa minuscule bite,
Elle satisfait ses amours.

À vingt-cinq degrés centigrades,
On obtient un adulte neuf
Onze à douze jours après l’œuf.
Pour elle alors ça se dégrade,

Car sans émotion, le chercheur
Tripatouille ses chromosomes,
Pour couronner de beaux diplômes
Une scientifique rigueur.

Sans gène, il va chercher les siens
Pour mieux analyser les nôtres.
Il les croise avec plusieurs autres,
Et voit ce que cela devient.

Par exemple, en mathématique,
On voit bien que leur mutation
En quarante générations,
Produit un effet bénéfique,

Et que si l’on est opiniâtre
En progressant dans le maquis
De leurs caractères acquis,
On les fait compter jusqu’à quatre.

Reste à comparer leurs génomes
Avec ceux de diptères cons.
Un jour on espère bien qu’on
Pourra appliquer ça à l’homme.

Elle a des gènes — quinze mille,
Et des chromosomes géants.
Pour tout ce qu’elle nous apprend,
Je veux chanter la drosophile.

EC. 23/07/2012

Cette ode m'a été inspirée par un article scientifique récent : 

20 juillet 2012

Le cirque


L’instituteur avait réfléchi longuement : il lui fallait mobiliser ses petits autour d’un projet concret réunissant des savoirs diversifiés.
Et soudain, son visage poupin surmonté de cheveux bouclés s’était illuminé. Il avait trouvé ! Son projet pédagogique, ce serait… le Cirque !
Quoi de plus motivant, quoi de plus concret, quoi de plus varié que le Cirque ? Avec enthousiasme, il avait réalisé le programme de l’année.
Les fauves, les chevaux, les illusionnistes, les acrobates, les jongleurs, les éléphants, les trapézistes, les clowns, bien sûr, les clowns.
Un travail passionnant sur le corps, les formes, les couleurs, qui serait couronné par une excursion de toute la classe dans un vrai cirque.
Tout se passa pour le mieux. Les gosses de la maternelle, enflammés par ce sujet et par cette perspective firent de spectaculaires progrès !
Les mamans attendries s’enorgueillirent des éléphants et des lions en pâte à sel et des beaux dessins que leur rapportait leur progéniture.
Aussi à la fin de l’année scolaire plusieurs se portèrent volontaires pour accompagner l’instituteur et sa classe au spectacle tant attendu.
Rayonnants de bonheur, les petits s’installèrent aux premiers rangs, l’instituteur et les mamans se répartirent çà et là pour les encadrer.
Le nez en l’air, ils assistèrent aux souples exploits des trapézistes. Ils poussèrent des oh et des ah devant les tours des illusionnistes.
Les éléphants les impressionnèrent, c’est gros, un éléphant. Et comme le costume du dompteur était beau, tout rouge avec des boutons dorés !
Vint enfin le tour des clowns : mais qu’il était drôle, ce clown musicien ! ses instruments de musique, c’était vraiment du n’importe quoi !
Allait-il arriver à tirer un son de ce tuyau ? On se moquait de lui. L’air fâché, il demanda à des spectateurs de le rejoindre pour essayer.
Parmi les spectateurs choisis, il y avait évidemment l’instituteur que le clown avait repéré avec ses boucles, ses lunettes et son air naïf.
Il lui fit signe de souffler dans le tuyau. Aucun son ne sortit et le clown prit l’air encore plus fâché. L’instituteur s’époumona, en vain.
Le clown alors sortit de son vaste manteau un énorme pistolet de clown en plastique, il saisit l’instit par le col et le traîna en coulisse.
On entendit alors Pan ! Pan ! puis un silence de mort. Et soudain, un long hurlement, né dans les premiers rangs, s’éleva sous le chapiteau.
C’était un hurlement aigu, épais, inextinguible, fait de vingt cinq petits hurlements de terreur mêlés de sanglots et de halètements humides.
Et les mamans affolées n’arrivaient pas à consoler les petits spectateurs de l’assassinat de leur maître. Sa résurrection même n’y put rien.
Et tout le cirque, consterné, fut malgré lui le témoin d’une grandiose déconfiture. Celle d’un ambitieux et intelligent projet pédagogique.
EC, 20 juillet 2012

26 juin 2012

Juin pluvieux à Paris (Sonnet)


Le ciel est blanc laiteux et les toits de zinc luisent,
Tellement ruisselants qu’on dirait des miroirs.
Les antennes sont sans oiseaux sur leurs perchoirs,
Et les cheminées rouges sont devenues grises.
Les pétunias mouillés déchirent leur chemise,
Des géraniums flétris le rose tourne au noir.
Dix heures, même pas, et on dirait le soir !
La tour Eiffel au loin se devine, imprécise.
J’entends bien qu’on me dit : — « Tout ceci est normal,
C’est le réchauffement climatique ou global,
Les vaches en rotant produisant du méthane,
Et nous du céhaudeux à tire larigot
Avecque nos autos et nos aéroplanes. »
Pourtant, nous avons froid, nous autres Parigots.
EC

17 juin 2012

Dans le pré de Madame Carle

La cascade qui coule du Glacier blanc, vue du Pré de Madame Carle

Dans le pré de madame Carle,
D'un versant à l'autre des monts,
On entend les oiseaux qui parlent
Et le bruit du glacier qui fond.

Le silence est une verdure,
Le ciel est d'un bleu sans pareil ;
Ah pourvu que cet instant dure !
Il est midi sous le soleil.

La neige vole avec le vent,
Formant de petites fumées
Sur les crêtes qui sont devant
Nos pupilles émerveillées.

Surgissant d'une gorge sombre
Entre deux rochers élevés
Qui lui font quelques taches d'ombre,
La langue blanche d'un névé.

Le Pelvoux à la double cime
Incline ses fronts bienveillants
Sur des torrents et des abîmes
Qui ne sont pas plus effrayants.

Du glacier la cascade pisse
Un liquide blanc et crémeux,
Ouvrant les roches de ses cuisses
À l'alpiniste aventureux.

Les marmottes que les touristes
Nourrissent de Kinder Bueno
Ont de l'eczéma et l'air triste :
Mieux vaut leur donner des pruneaux ! 

EC 14 juin 2012






16 juin 2012

Le Queyras

Un des cadrans solaires de Saint-Véran, Queyras. (2042 m)

Le mélèze à la tendre aiguille
Sur le bord du torrent laiteux
D'un treillis vert mousseux s'habille
Étirant ses bras duveteux.

Sur le mur le cadran solaire
Révèle en quelques mots latins
Dans une image circulaire
La tristesse de nos destins.

Plantées dans des endroits visibles
D'imposantes croix de mission
Portent les symboles terribles
Des instruments de la Passion

Se chauffant le cul sur l'asphalte
Des marmottes aux poils touffus
Nous obligent à faire halte
Et à nous excuser, confus.

Le Viso souverain culmine
Pyramide lointaine, hélas,
Dont la silhouette domine
Les paysages du Queyras. 

                                                           E.C. le 11/06/2012

Une marmotte du Queyras
Une croix de mission


Le Viso, vu du col Agnel, 2e plus haut de France (2744 m)


07 juin 2012

Mercure

La lame 19 du tarot de Marseille
Dans les années soixante-dix, l’astrologie et les tarots étaient à la mode. Vêtue de noir avec une écharpe arc-en-ciel je tirais les cartes.
Au tarot astrologique, je découvris un enfant caché dans le couple d’une collègue. Et au tirage en croix, j’en fis gagner plus d’un au PMU.
Ma réputation avait gagné le bistrot d’en face dont la tenancière me fit mander un jour. L’estaminet puait la pisse et attirait les mouches.
Il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre qu’un troquet excentré ne pouvait pas survivre. Mes cartes conseillèrent le déménagement.
Dix ans après, la dame ayant suivi ce conseil me reconnut dans son café du centre de la ville, et ne permit point que je lui règle ma bière.
Un mystérieux pendentif, que j’arborais avec componction, ajoutait encore à mon prestige. C’était du mercure enclos dans une bulle de verre.
Pourquoi du mercure ? Parce que c’est le métal attribué au signe des Gémeaux, et je suis justement de ce signe astrologique, c’est logique !
M. en avait rapporté de la fac dans un petit flacon —c’est en effet un métal liquide — ainsi que quelques tubes de verre minces et fragiles.
Avec un chalumeau, il avait déformé le verre. Puis il y avait introduit le mercure et refermé le tout en boucle en le chauffant à la flamme.
C’était un beau bijou, qui le cas échéant, formait aussi pendule au bout de sa chaîne. Je le portais au cou quand nous partîmes en vacances.
Nous étions quatre, dans la Lada pourrie de M., et il pleuvait à torrents. C’était sinistre. Nous approchions du col du Petit Saint-Bernard.
— Fais venir le soleil ! me demanda-t-on, car l’on croyait en mes pouvoirs. Et je sortis du jeu de tarots la lame dix-neuf, celle du Soleil.
Tout en balançant mon pendentif de mercure au dessus de la carte, je prononçai quelque formule magique incantatoire à l’intention du soleil.
Et tout-à-coup, deux événements quasi simultanés se produisirent, qui firent pousser des cris aux 3 occupants de la voiture, et à moi aussi.
Primo le ciel se troua, les nuées se dispersèrent, et le soleil apparut dans sa gloire. Secundo mon pendentif explosa, projetant le mercure.
Il y en avait partout. Nous nous arrêtâmes aussitôt pour recueillir les boulettes de métal avant qu’elles n’attaquent le châssis de la Lada.
Le phénomène fut expliqué aux enfants : la pression étant plus faible à 2188 mètres d’altitude, il se produit une surpression dans la bulle.
En effet, celle-ci étant hermétiquement fermée, la pression extérieure et la pression intérieure ne pouvaient s’équilibrer, d’où explosion !
Et le soleil ? Ah, le soleil… Eh bien, il est assez fréquent que le temps soit différent des 2 côtés d’un col. La montagne arrête la pluie !
Ces explications scientifiques furent accueillies certes avec respect mais aussi avec de la méfiance. Quand-même, on m’avait bien vu faire !
Je ne tire plus les tarots ni ne fais venir la pluie ou le soleil. Non que j’aie perdu mes pouvoirs, mais parce que les gens y croient trop.
EC
Texte écrit en 21 × 140 caractères. Pourquoi 21 et pas 22 comme le nombre de lames du tarot ? Parce qu'il y a une lame, justement, qui ne porte pas de numéro, et qui sous-tend l'ensemble du récit. 

05 juin 2012

Le scorpion

La vue, depuis le porche de l'église de Chabeuil

C’est une église massive et laide, dressée sur une colline friable, qui domine le village. De son porche, on a une belle vue sur la vallée ;
On y accède par un escalier monumental jadis bordé par une large rampe de pierre brillante, polie par des générations de fesses enfantines.
Du temps de sa gloire, elle résonnait des sons de l’harmonium et des voix chevrotantes des dames de la paroisse, chantant la messe en latin.
J’y accompagnais ma grand’mère. Petite et mince, branlant la tête depuis une attaque, elle était vêtue en dimanche avec un bibi à voilette.
« Asperges me, Domine, hyssopo et mundabor : lavabis me, et super nivem dealbabor. Miserere mei, Deus, secundum magnam misericordiam Tuam. »
C’est ainsi que cela commençait, toujours. Le prêtre se baladait de long en large en balançant son encensoir suivi de ses enfants de chœur.
Je trouvais le temps long et les dames ridicules, surtout celles qui prononçaient les sons « ou » en « u » (comme le fait Johnny Hallyday).
Mes yeux allaient des images du missel aux statues de plâtre coloré : Notre-Dame nous tendait les bras, Saint Georges terrassait son dragon.
Un jour, l’ennui dominical fut bousculé par un événement peu ordinaire. J’étais à genoux, à droite de ma grand’mère, près d’un gros pilier.
L’interminable Credo avait été chanté, ainsi que le Sanctus bêlé « Sanctusse » par les vieilles bigotes castafiores serrées au premier rang.
Dans le pieux recueillement qui précède l’Élévation signalée d’une discrète sonnette, on entendit le fracas soudain d’un prie-Dieu renversé.
Celui de Grand’mère, qui s’était dressée de toute sa petite taille, son petit sac à la main, et qui martelait la dalle de ses petits talons.
Derrière sa voilette baissée, on pouvait lire l’expression de son visage, qui montrait tour à tour la rage, le courage et la détermination !
Oui, à l’instar de Saint-Georges terrassant le dragon, ma grand’mère était en train d’écraser un scorpion. Elle ne lui laissa aucune chance.
Une fois la bête exterminée elle en poussa les restes contre le pilier de la pointe de son petit pied et revint s’agenouiller à côté de moi.
Un tonnerre silencieux d’applaudissements intérieurs emplit mon cœur et la nef. Ce meurtre accompli ma grand’mère, calmée, partit communier.
À la sortie de l’église après l’ite missa est, quand je dévalai, comme à l’habitude, mon toboggan de pierre, j’étais fière de ma grand’mère.
EC

01 juin 2012

La guêpe

Je m'aperçois que la contrainte du texte formé de paragraphes de 140 caractères chacun se prête très bien aux récits, aux petites histoires vraies, aux souvenirs. Alors voici un de ces souvenirs, qui date d'une bonne vingtaine d'années. Il s'appelle « La guêpe ».
.
Au mois d’août, en Ardèche, il fait trop chaud pour déjeuner dehors avec les enfants. La cuisine aux murs épais, offre un peu de fraîcheur.
M. a fait des poires au vin, c’est un dessert traditionnel de la vallée du Rhône. Mais en les sortant du frigo je pousse un cri de surprise.
Une guêpe s’est noyée dedans ! Son petit corps est recroquevillé, les pattes repliées comme il convient à une morte. Je la cueille du doigt.
Les enfants m’entourent aussitôt. Ils sont curieux, respectueux, graves et attentifs comme les médecins de La Leçon d’anatomie de Rembrandt.
On compte les pattes, on nomme le thorax, l’abdomen strié de jaune et de noir, la fine taille qui les sépare, les mandibules, les gros yeux.
Délicatement, je retourne l’insecte pour qu’ils examinent les deux paires d’ailes, toutes poisseuses de confit de vin et les antennes mais ?
— Oh, elle a bougé une antenne ! s’écrie l’un de mes neveux, dont l’accent du midi semble encore plus intense avec la surprise. Je regarde.
Il a raison, l’antenne droite de l’hyménoptère, engluée et luisante de sirop, s’est animée de faibles mouvements. L’insecte n’est pas mort !
Les têtes se rapprochent de mon doigt le long duquel, à présent, la guêpe essaie vainement de ramper. — Apportez-moi un verre d’eau, dis-je.
Sous des yeux ébahis, je trempe le doigt de l’autre main dans l’eau et me mets à laver très doucement les ailes qui essaient de se déployer.
Elle fait de gros efforts, la guêpe. Les gosses l’encouragent lorsqu’elle arrive enfin, après plusieurs lavages, à déplier la première aile.
Puis c’est la deuxième. — Elle va te piquer, dit une petite voix. Je rassure l’enfant, les guêpes ne piquent que lorsqu’elles sont menacées.
Celle-ci sait à qui elle doit son salut. Elle agite ses ailes frénétiquement, marche vers le bout de mon doigt, hésite un peu, et s’élance !
Avec un murmure émerveillé, bouche bée, les petits suivent le vol erratique. Elle est saoule, la guêpe, dit l’un deux. Et tout le monde rit.
Et voilà comment à peu de frais, on peut s’assurer pour la vie ou presque, l’admiration, la confiance et le respect des jeunes générations.
EC

25 mai 2012

Urgences à Bichat

F.-X. Bichat.  Phot. Medarus.org

J’ai bien connu Lariboisière
Et Pompidou pas mal,
Debré, mais pas Bichat. Génial,
Mais dans le genre austère.

Mêmes soignants et infirmières,
Même accueil en bocal,
Même décor froid et banal,
Même confort sommaire.

La visite est involontaire :
Problème intestinal.
Cela n’a rien d’original,
Mais mérite un scanner.

Je t’attends en faisant des vers :
Un travail matinal
Qui remonte un peu le moral
Que d’autre puis-je faire ?

Depuis cinq heures et des poussières
C’est dans le merdical
Qu’a basculé le conjugal.
Quant à la nuit dernière,

Nous n’avons fermé les paupières.
Tu  étais peu jovial,
Te plaignant du boyau fécal.
Ce fut une galère.

Déjà le transit urinaire
Était tout sauf égal,
Puisque un acte chirurgical
S’avérait nécessaire.

L’angoisse étreignait tes viscères
Serrement radical
Et même assez phénoménal,
Qui t’empêchait de faire

Depuis avant-avant-hier.
Mais un scanner normal
Quant au domaine cloacal
T’aura rendu plus fier.

En attendant que l’on t’opère,
Il faut prendre à l’oral
Et peut-être même  à l’anal
Des traitements divers,

Et porter comme une misère
Un truc dans ton cifcal :
C’est une poche et un canal
Tenant  par jugulaire.

Système assez rudimentaire
Pourtant plus amical
Que ce gonflement vésical
Qui était ton calvaire.

Deux litres et demi, peuchère,
Ça devait faire mal !
La prostate : ce  déloyal
Organe excédentaire !

23 mai 2012

Dans la même tombe

La tombe des deux amis
Depuis longtemps, j'essaie de trouver la forme qui convienne au récit d'une belle amitié, celle de mes deux grands-pères, amitié entre un protestant et un catholique qui se poursuit encore dans la tombe, aussi incroyable que cela puisse paraître.
J'ai essayé des formes courtes, j'ai essayé des formes plus longues. Finalement, c'est la contrainte des twittérateurs, cent quarante caractères par paragraphe, qui me paraît traduire le mieux ce que je voulais transmettre avec cette histoire.
Albert et Pierre mes deux grands-pères, étaient deux vrais amis. L’un officier, catholique et breton, l’autre médecin huguenot de la Drôme.
Albert avait un fils de 7 ans, mon père, et une fille plus jeune. Pierre avait 4 filles comme le Dr March. Ma mère, 6 ans, était la seconde.
Ils s’étaient rencontrés par le plus grand des hasards, pendant des vacances en famille au bon air du Chambon-sur-Lignon. Ils s’étaient plu.
Ils se sont retrouvés aux prochaines vacances, puis aux autres. Ils se sont baignés dans les rivières, ils ont crapahuté dans les montagnes.
Albert faisait des acrobaties, des jeux de mots et connaissait tout le répertoire d’opérettes. Les gosses, qu’il faisait rire, l’adoraient.
Cela ne dura pas cinq ans. Un jour chez son ami, Albert attrapa une sale grippe. Pierre le soigna, mais il mourut. Mon père avait onze ans.
Mon grand-père paternel, que je connus jamais, fut enterré dans le cimetière catholique du village où vivaient mes grands-parents maternels.
Ma grand-mère s’habilla en veuve avec de longs voiles noirs, mon père devint pupille de la nation. Aux vacances, ils revenaient chez Pierre.
Mon père et ma mère s’y retrouvaient avec plaisir. Avec mes tantes et des amis, ils partaient pour de fameuses balades dont on a des photos.
C’était avant la dernière guerre. Ils se fiancèrent puis mon père s’engagea dans la marine et ma mère l’attendit tout en étudiant son piano.
Ils ne purent s’épouser qu’en 1947. Et ce fut un sacré scandale, malgré l’amitié liant les deux familles. Un papiste, marier une huguenote !
Pas dans l’église, dans la sacristie. Et ma mère en pleurs forcée d’aller déposer des fleurs sur l’autel de la Vierge. Un acte d’idolâtrie !
Mais tout cela fut surmonté, et un an après, j’étais née. J’aimais mon grand-père Pierre, que j’appelais « ronpapa », je m’en souviens peu.
Je m’en souviens d’autant moins qu’il mourut lui aussi, assez subitement, d’une maladie du foie. Il n’avait que cinquante-trois ans environ.
Ma grand-mère et ses filles ne s’attendaient pas à cette mort. Aussi, rien de ce que l’on prépare lorsqu’on envisage un décès, n’était prêt.
En effet, aucune tombe n’avait été prévue ni aucun emplacement réservé dans le cimetière protestant. Comment enterrer grand-père dignement ?
Ma grand-mère paternelle proposa alors de l’inhumer provisoirement, dans le caveau de son ami Albert, en attendant une sépulture définitive.
Pierre avait tant invité Albert chez lui ! Albert ne devait-il pas lui rendre la pareille, et lui faire une place dans sa dernière demeure ?
Ce qui fut fait tout simplement. Ensuite à chaque décès dans la famille, on se posait la question de transférer le grand-père, et puis rien.
C’est ainsi que depuis plus de soixante ans, un médecin protestant et un officier catholique reposent côte à côte (c’est le cas de le dire).
Un bel exemple de tolérance, que celui donné à la face des sectaires par ces deux amis, mes deux grands-pères enterrés dans la même tombe !

EC 

15 mai 2012

Investiture pluvieuse

Un président trempé.
Photo via Enora Ollivier, 20 minutes.
Après le déjeuner, nous regardons M. et moi la suite du reportage sur l'investiture de François Hollande, sur France 2.
FH serre des mains, sourit, ne paraît pas sentir la pluie qui lui dégouline sur le front, les épaules, les lunettes.

— Il est sur un nuage, dis-je à M.
— Il est même dessous, me répond M.

14 mai 2012

Hénin-Beaumont, les mines

Chevalets des puits
de Fouquières-lès-Lens
Jean-Luc Mélenchon et Marine le Pen ont donc choisi le théâtre de leur affrontement. Ce front-contre-front, qui évoque la lutte de deux bêtes à cornes, béliers des landes ou impalas de la savane, aura donc lieu à Hénin-Beaumont, ville du Pas-de-Calais proche de Lens dont un maire fut révoqué — fait extrêmement rare — en 2009. Tout le monde en parle comme si cette ville existait depuis toujours : pourtant Hénin-Beaumont n'a sous ce nom qu'une existence relativement récente. Je l'ai connue sous un autre. Et sa mise en lumière à la faveur de l'actualité politique m'a rappelé de nombreux souvenirs liés aux mines « eud' carbon », au drame de leur fermeture, aux catastrophes, au militantisme. Pour les évoquer, j'ai choisi la contrainte twittéraire des paragraphes indépendants de 140 caractères.

Hénin-Beaumont ne s’est pas toujours appelée Hénin-Beaumont. Pour moi qui l’ai connue sous son vieux nom d’Hénin-Liétard, c’était les Mines.
 « Les Mines ». Leurs noms m’angoissent encore. Des noms de catastrophes comme Courrières, Liévin ou Fouquières-lès-Lens, le 4 février 1970.
Noms de villages grisâtres comme le grisou, corons de briques, mauves de suie, mauves de pluies, terrils sombres et fumants. Hénin-Liétard !
Billy-Montigny, Noyelle-Godault, Sallaumines, Méricourt, Avion, Oignies, Harnes, Loos-en-Gohelle, Bully-les-Mines des noms qui m’angoissent.
Les mineurs français, les mineurs polonais, les mineurs marocains… La « bistoule » à cinq heures du matin. Je ne comprenais pas leur langue.
Dans les gorges grasses de poussière le « an » devenait « in », le « che » « ke », le « u » « eu », le « eur » « eux », le « age » « ache ».
Ça me rappelle l'histoire : « Commin konfait ch’ poulet Tatin din ch’Nord ? Ben, teu prinds ch’poulet, teul mets din ch’four et t’attinds ».
De Lille, on allait « dans les Mines », 30 bornes dans la 4L pourrie de Rémi L. Un jour le levier de vitesses lui est resté dans les mains.
J’avoue en avoir été secrètement soulagée : on coupait à l’expédition dans « Les Mines ». Tout ça c’était du temps où Serge s’appelait Marc.
Aujourd’hui les terrils sont verts, mais il y a toujours le chômage. D’autres coups de grisou menacent Hénin-Liétard, devenu Hénin-Beaumont.

EC

07 mai 2012

Radiolondres la compile du 2e tour

Vu sur Twitter,
le Cri de Munch revisité.
Il s’en est passé des choses sur Twitter, avant que l’électeur lambda non connecté n'ouvre sa télé dimanche soir à 20 heures ! 

Le vendredi dans la nuit, on a pu lire des tweets qui ne ressemblaient pas à ceux du 22 avril : ils annonçaient un «sondage des RG» donnant Nicolas Sarkozy à 50,6. Or les RG n'existent plus depuis un bail. Ça sentait l'intox.

L'info venait sans doute, via Atlantico, d’un «site de prévisions et d'analyses économiques et politiques, Electionscope» totalement inconnu jusque là, mais réputé infaillible ! Comme le fait remarquer un commentateur 
avant 2012 aviez-vous entendu parler de ce modèle "infaillible" qui existe pourtant depuis une quinzaine d'années ? Moi pas.

Le samedi

Le samedi matin, on apprenait aussi que Sarkozy s’attendait à un résultat tellement serré qu’il parlait au Parisien d’un « effet Floride » (allusion à l’élection américaine de Bush en 2000, la Floride avait été gagnée par 537 voix d'écart, un recomptage avait été refusé). Plusieurs twittos pro-Hollande, impressionnés, se sont alors mis à encourager les éventuels abstentionnistes.
Si vous n'allez pas voter demain, le camembert risque d'être réélu! 
Pour l’observateur même distrait de Twitter, la mobilisation des sarkozystes sur un hashtag jusque là investi par des twittos de gauche, ne pouvait pas passer inaperçue : 
#radioLondres Le flanby sera périmé le 6 mai ouf on n'aime pas. La France préfère le camembert Président. Sa date de péremption est Mai 2017.
le flanc à été rejoint par le bègue :attention risque d’une équipe de bras cassés (on est pas dans le discours d’un Roi ici) !
Réciter des tirades apprises par cœur en baillant ne fait pas de Moi un Président 
Cette mobilisation se basait-elle sur de réels sondages ? Les nouvelles semblaient confirmer le resserrement de l’écart annoncé la veille : 
Sondage confidentiel livré ce matin, peu après 11 h dans les états-majors des partis politiques donnerait #FH 51% et #NS 49% #RadioLondres
Intox certainement, pour ceux qui n’apprécient pas qu’un autre courant utilise le même hashtag, et qui expriment leur mécontentement sans craindre le Godwin: 
#radioLondres Il y a beaucoup trop d'interférences sur les ondes.
Attention #RadioVichy infiltre #RadioLondres, je répète, #RadioVichy infiltre #RadioLondres
Dénoncez les collabos, infiltrés sur #radiolondres avec #vichy
Je quitte #Radiolondres ça pue trop le camembert !!!
Le samedi après midi (13 h 45) #radiolondres commence à bouger un peu plus : les gens inquiets par la perspective d’une victoire de Hollande moins éclatante que prévue essaient de se rassurer, bien que...
La météo s'annonce plus clémente que prévue sur la Hongrie. Le vent tourne du coté des Pays-Bas.// je confirme. 
Les professionnels supposés être au courant, quand ils sont questionnés, restent méfiants et usent de la litote ou de l’euphémisme
— Les sondages secrets circulent. Circulez, y a rien à voir.
— c'est quoi les chiffres?
— ces chiffres sont secrets et sans surprise. 
Camemberts Président et Flanby :
 une photo à succès
Pour meubler l'attente, on s'encourage. Une photo supposée avoir été prise à Auchan fait le buzz sur Twitter comme sur Facebook. Elle représente un rayon frais de grand magasin, dont un bac est rempli d’un côté de camemberts Président et de l’autre de Flanby. Ce qui peut se lire « Flanby président »… à condition d’être du bon côté du bac ! Le mot de Sarkozy au Parisien à propos de la Floride circule lui aussi mais les personnes autorisées (journalistes, commentateurs politiques) semblent sceptiques, vu leur réponse : 
— urgent : Sarko espère un scénar à la Bush !
— mouais. Y a pas la Floride ici...
Malgré l'inquiétude perceptible, les blagues circulent toujours mais elles sont moins nombreuses.
#sondage #radiolondres Exclusivité sondage 2007 Sarkozy 53 % Royal 47% »
Afin d'éviter l'engorgement des bureaux, les électeurs de N. Sarkozy voteront le 6 mai, ceux de F. Hollande le 7. (Propagande 75016) 
Cette inquiétude n’échappe pas aux pro-sarko, qui s’en réjouissent : 
Je sens comme de l'anxiété chez certains «camarades» #radiolondres
Elle étreint tellement certains pro-Hollande qu’ils en perdent tout sens de l’humour et que l’auteur de la blague citée plus haut est obligé de s’expliquer :
Fascinant; certains ont pris la blague "électeurs Sarko le 6 électeurs Hollande le 7" au sérieux. Il est temps que ça s'arrête ce truc #nerfs
Cela n’empêche pas les mêmes pro-Hollande d'affirmer
Je pense que tout le monde est d'accord les gens de droite n'ont aucun humour. #radiolondres
En l’absence de sondages secrets ou de résultats partiels, la conversation va bon train sur le sujet du vote électronique, et de son opacité. Un sujet déjà abordé il y a quelques jours par les mélenchonistes, mais auquel l’article de Numérama a donné beaucoup de visibilité. Le même Numérama propose, puisque la liste des bureaux de vote électronique est secrète, de faire un recensement participatif et invite à déclarer son bureau ici. Des twittos s’en amusent.
#radiolondres ça me fait bien marrer ces délires sur le bourrage électronique
À partir de 22 h 30, l'atmosphère se détend, les plaisanteries refleurissent :
Si ça se trouve, le changement, c'est pour dans 5 ans.
Ok, vous regardez tous #TheVoice. Après, venez pas vous plaindre si ça se passe mal demain... #punitiondivine
Selon mes estimations, les sondages auront raison demain
Bison futé a classé rouge le 6 mai en raison du chassé-croisé entre exilés fiscaux et chars soviétiques.
La plus grosse pleine lune de l'année entre le 5 et le 6 mai... #cestunsigne
C'est que les prévisions se font plus précises. On a les tendances des Antilles.
Ceci n'engage que moi mais demain je vois un @fhollande entre 52 et 53 ...
En Guadeloupe, la Pizza au Gouda aurait donc sacrément augmenté en 2012 par rapport à la pizza Royale en 2007 : +13?
60% du rhum antillais s'exporte vers les Pays Bas, Très bon pour la France
Le hollandais volant a coulé le Yacht aux Caraïbes !.

Le dimanche 

Le dimanche matin, on peut commenter à l'aise les résultats d'outremer.
Chez les caribous on préférerait nettement le gouda à la Rolex.
en Martinique le rhum hongrois n'est distillé qu'à moins de 32 degrés alors que le hollandais est + de 68°
En guadeloupe le rhum hollandais est cette année à 71,93 degrés. C'est chaud 
Un sondage évoqué par la RTBF la veille au soir donnant toujours Hollande gagnant à 53/47, soit 6 points d’écart, on se réjouit : 
Les sanglots longs des violons hongrois amusent mon cœur d'un entrain joyeux. 
Pourtant les adversaires continuent leur pilonnage:
In extremis, le pédalo va se retourner. Je répète, le pédalo va se retourner.
«Sarko repasse, la preuve !»
Et une photo de Sarko « repassant » se met à circuler. 
Les twittos qui venaient sur #radiolondres pour connaître les chiffres des sondages secrets devront attendre encore un peu, même si ça les énerve:
Le hashtag #radiolondres devient totalement ridicule, tweetez les chiffres au lieu de vous prendre pour des résistants. 
La RTS, qui n’a encore rien divulgué, meuble en plaisantant et fait sa pub :
Une fondue au fromage SUISSE sera offerte à notre 6000e follower (sans camembert ni gouda ) #radiolondres » 
Enfin dès 13 heures, tout semble plié : la Tribune de Genève et le Matin rendent publics les résultats de plusieurs instituts de sondage sortie des urnes à la mi-journée, donnant Hollande entre 52,5 et 53 % devant Sarkozy à 47,5 ou 47 %. Les twittos de gauche se réjouissent, les autres deviennent peu à peu inaudibles. 
Je suis en train de customiser mon yacht pour qu'il ressemble à un pédalo. #radiolondres
Ceux qui en avaient assez des métaphores à base de centimètres, de degrés d’alcool ou de température peuvent s’extasier devant une créativité retrouvée :
J'ai vu 53 écureuils sur un arbre. Ils s'enculaient. C'est signe de printemps.
53 biscuits roses prêts à plonger dans le champomy
Liliane Bettencourt a voulu voter, à Neuilly-sur-Seine, mais les 40 000 euros ne rentraient pas dans l'enveloppe
Si de temps en temps un opposant ose encore s’exprimer,
SONDAGE 15 H 30 !!!!! : Hollande : 50,0145 Nicolas Sarkozy : 49,9855 !!!! #VoterNS !!!! 
il est vite ridiculisé par un hollandais :
Sarko a raison d'y croire. Un sondage le donne deuxième tandis qu'Hollande est donné avant-dernier
Le silence flagrant des pro-sarko devient alors un signe de victoire:
Et elle est où Morano ??? On l’entend plus ! #radiolondres
Mais où sont les twittos de droite ? OUUUHHHHH, ils se cachent les sarkozystes..
De leur côté les médias suisses et belges ont commencé à publier les premiers sondages sortie des urnes. 
Un passionnant match Anderlecht-Bruges a suivre sur le très informé site de @lesoir
Ce soir à 53H47 nous aurons les résultats entre FH et NS
Ils sont abondamment repris, ce qui énerve les gens au courant
Recevoir des SMS confidentiels qui confirment les sondages consultables sur le web étranger et parodiés sur Twitter, c'est...
Et même les autres
Mon boucher m'a dit ce matin : "La côte de veau est à 23 euros 90 le kilo". Dois-je en tirer une conclusion ?! 
Le hashtag #radiolondres ne figurant pas dans les trending topics, on en tire des conclusions un peu hâtives.
Le CSA aurait-t-il donné des consignes à Twitter ? #RadioLondres n'est pas en Trending Topic ! #CoincidenceJeNeCroisPas

La télévision, grande perdante

Peu après 16 heures, le mouvement s’accélère. Des photos circulent, montrant la Bastille déjà interdite à la circulation. L'excitation grandit.
Ce soir Jean-Pierre Elkabbach et Jean-Michel Apathie sont envoyés à France Inter en rééducation..
Bastille est bloquée, je répète, Bastille est bloquée. Impossible d'en faire le tour. Je passe faire un tour au QG de Hollande.
16 h 50. À une heure dix de l’estimation officielle promise par les médias belges et suisses, ceux-ci en rajoutent dans le teasing
Amis français, n'oubliez pas le changement d'heure. Ce dimanche à 18h, il sera 20h.   
À 18 heures, enfin tout est vraiment plié. Les titres de la presse belge et suisse sont accessibles à tout le monde. J'écoute en direct l'émission spéciale de la RTBF. L'allégresse est à son comble sur #Radiolondres.
Tous ensemble, souhaitons un agréable vol pour Los Angeles à Mickaël Vendetta.
Résultats définitifs : 25% "a voter", 25% "à voté", 25% "à voter" et 25% "a voté" - 75% d’illettrés »
Le maniaque qui s'était réfugié depuis 5 ans est en voie d'être délogé par 53 policiers du RAID batave
« Avec Carla, tout allait bien dans mon couple jusqu'au jour où j'ai eu un petit problème d'élection. » 
Les commentaires se focalisent alors sur le ridicule de la loi sur les sondages, et sur la télévision, grande perdante de ces élections, avec ses présentateurs obligés de meubler alors qu'ils ne peuvent rien dire.
Les sondagiers qui ne mesurent rien viennent d'interroger le 5000e votant et la tendance se confirme...
Tout le monde a les résultats, mais il faut faire "comme si" ... #absurde
Si je comprends bien on ne peut citer les médias suisses et belges et eux ne peuvent citer leurs sources françaises #ridicule #soir.be
#radiolondres nous montre à quel point la télévision est un média du passé dans sa forme actuelle
J'adore ces moments de vide télévisuel une heure avant les résultats.
Le décalage entre le dynamisme et la réactivité des réseaux sociaux et la platitude des médias dinosaurus est juste ENORME 
Étrange impression d'être à un réveillon où l'on attend minuit pour s'embrasser et fêter le passage officiel vers une nouvelle année.