30 novembre 2009

Les Martiens repoussés

Selon les Helvètes, les Martiens sont de petits hommes verts très méchants qui veulent détruire avec des saletés leur belle planète bien propre. Il faut donc les empêcher de nuire. Pas de Martiens chez nous ! Pour résister à l'envahisseur les Suisses ont appelé le grand Décimator à la rescousse.  Décimator garde des armes puissantes à sa disposition, c'est une vraie nurse pour ses urnes. Il en a distribué aux Suisses qui ont voté et leur votation t'ôta OVNI comme par magie. Voilà Genève vengée. C'est ainsi que le Suisse trouve des issues à tout mais se prive d'élégantes barraquées bien mieux que des chalets et qui feraient bien, pourtant, sur un décor de montagnes enneigées.

Anagrammes : martiens/minarets, suisse/issues, votation/t'ôta ovni, genève/vengée, Décimator/démocratie, nurse/urnes, barraquées/arabesque

25 novembre 2009

Muse loin de Rivoli



À la suite de mon altercation avec le meussieu dont-auquel je parlais dans mon précédent post, je me suis amusée à rechercher des anagrammes sur le nom de Louise de Vilmorin.
Comme elle a écrit des articles de mode, j'ai choisi, parmi les centaines d'anagrammes possibles, celles qui avaient un rapport avec  cet aspect de sa vie.
Elles forment avec son nom le petit quatrain que voici :
Mode, illusion ivre,
Loi de velours mini,
Mur de voile, si loin,
Louise de Vilmorin
J'ai aussi trouvé à l'adresse suivante une archive de l'INA dans laquelle Olivier Barrot — celui-là même qui soulignait, selon le commentaire de MZ, l'insuffisance du livre du meussieu — parle de la vie de Louise de Vilmorin «qui aimait tant jouer avec les mots». Je vous le conseille, c'est ici http://tinyurl.com/vilmorin.
Le titre de ce post est aussi une anagramme.

17 novembre 2009

Gîte pour clébard


Patrice Delbourg est un éminent spécialiste de l’humour et membre non moins éminent des Papous dans la tête. Il ne saurait donc se tromper lorsqu’il affirme qu’il n’existe pas de femmes auteures de jeux de langage. — « Citez m’en une seule », a-t-il lancé à l’assistance de la table ronde de « Roman(s) à Romans » samedi 14 novembre.
— « Louise de Vilmorin », répondit quelqu’un dans l’assistance. C’était moi, venue en voisine de Chabeuil soutenir mon copain Jacques Perry-Salkow qui vendait son Anagrammes à l’autre bout de la table ronde.
Patrice Delbourg n’avait jamais lu ni entendu parler de l’Alphabet des aveux. Mais au lieu de le reconnaître tout bonnement, il a soutenu, du haut de son estrade et de sa condescendance, que Louise de Vilmorin avait certes écrit des tas de choses, mais qui ne s’apparentaient pas aux jeux de langage.
 (Lâchant son silence, la chanson s'y lance, ça s’apparente à quoi, déjà ? Et LEJ FMR, c’est un jeu de quoi déjà ? À l'étape, épate-la, ça s'appelle un quoi déjà ? )

Comme j’osais insister, il fit facilement rire le public à mes dépens en insinuant que mon obstination était «féministe». Sans micro et en bas de l'estrade, je ne faisais pas le poids. Je renvoie donc ce monsieur aux pages de Fatrazie ou d'Evene qui parlent de Louise de Vilmorin. Mieux encore, au blog d'un de nos amis communs sur Facebook, Sébastien Bailly, qui recommande chaleureusement la lecture de l'Alphabet des aveux, découvert en écrivant son livre «Jouez avec les mots». Je le cite :
 « Et surtout, j'ignorais jusque là ses poèmes, qui sont autant de jeux avec le langage. C'est à se demander, même, quels genres elle n'a pas illustré : palindromes, vers holorimes, pièces alphabétiques (avant les SMS), calligrammes, charades, rébus... C'est un régal de toutes les pages ».
De deux choses l’une : soit Patrice Delbourg n’est qu’un misogyne ordinaire, soit il a raison et le siège de l’humour doit se trouver dans les couilles. J'ai mis en titre de ce post une anagramme de son nom, mais c'est juste pour lui faire une niche !

06 novembre 2009

D'une pierre vingt coups




Comme chaque soir de séance Oulipo, nous nous sommes retrouvés hier à la pizzeria mais seulement à 8 cette fois : Annie et Alain, Valérie, Gilles, Nicolas, Dominique, M. et moi. Le vin sicilien se laissait boire et les pâtes aux gambas manger, mais il y avait trop de chantilly sur le café liégeois. Le pauvre JR n'était pas parmi nous. Il était à l'hôpital, où on le soignait où il avait mal, c'est à dire à la main, après avoir glissé sur le plancher assassin de la BNF. Ce plancher est un non-sens urbain, dès qu'il tombe la moindre goutte il se transforme en patinoire.

Comme nous quittions la pizzeria, Gilles m'a donné un mystérieux coffret intitulé Cabinet de curiosités, que je me suis retenue d'ouvrir avant d'arriver. Il contient une vingtaine de petits livres merveilleusement illustrés, parmi lesquels le texte de Michel Clavel dont il nous avait déjà parlé, et qui s'intitule de ma main gauche (manuscrit) et une sélection d'ambigrammes de Gilles Esposito-Farèse, ceux qu'il a faits sur les noms de membres de l'Oulipo. Mais les 18 autres sont tout aussi chouettes : on trouve donc un nuancier de couleurs aux noms fantaisistes comme bleu grand schtroumpf ou bronzage d'août, de ravissantes photos de microbes ignobles qu'il vaut mieux voir aux murs que sous la peau, une collection de plaques de rues imaginaires comme la rue Sissov-Yétik ou la rue Bissur-Longle, une sélection de pochettes de disques vinyle par Rémi Vimard, un atlas qui zoome la carte Michelin sur les noms de lieux les plus étranges, des anagrammes de prénoms courants, les bons plans du paradis, un codex de miracles promis par de vieilles réclames, une liste d'écritures étranges parmi lesquelles la Malayalam bien connue des palindromistes, de belles images de fleurs fabriquées à partir d'éléments aussi inattendus qu'alphabétiques, comme des wassingues ou des zapettes, quelques dessins érotiques et inédits de Pym, des photos de paysages signées Alexandre Duret-Luz qui ressemblent au monde du Petit Prince par la magie d'une transformation mathématique, de beaux dessins de vilains organes, de faux dessins de Boris Vian, une histoire cachée dans une nouvelle de Borges, un patchwork de bribes de conversations très actuelles, une liste à la Perec de choses qu'on croyait quand on était petit, et un catalogue de voyages imaginaires, comme un séjour dans la tour de Babel ou une expédition de rafting sur le Styx..

Une vraie boîte aux trésors, quoi !
On peut la trouver chez Decitre par exemple.

01 novembre 2009

Identité nationale

C'est la première fois que nous allions au salon du livre et des papiers anciens. Au milieu des cartes postales, des affiches et des vieilles réclames, on trouve des tas de choses intéressantes mais les prix sont prohibitifs. M. s'est tout de même acheté les œuvres complètes de Molière dans la Pléiade, et moi je suis tombée sur ces poèmes populistes en deux tomes, pour pas cher. J'espérais y glaner quelques perles mais à vue de nez il y en a peu. Quelques vers par ci par là, comme ceux-ci, sont émouvants.
Regarde. J'ai pris mon casque
Opaque et dur, puis mon masque
Aux yeux de mica
Mon bidon bat contre ma jambe
Et, dans mon âme en route, tremble
L'harmonica
 J'y ai trouvé aussi un poème intitulé « Bureau » du même auteur, Christian Dedeyan, dont voici un extrait :
Accepte la musique exsangue des machines
Qui chuchotent des mots simples en noir et blanc.
Sur le carbone usé les ampoules dessinent
Les étoiles d'un ciel minuscule et tremblant
Pour le reste, beaucoup de ridicule :
Ainsi parlait un jour l'humble cultivateur
Dont les pauvres lopins sont rétifs au tracteur
serait rigolo au second degré mais malheureusement, c'est écrit au premier. Et je ne parle pas du mauvais goût, de l'antisémitisme, du pétainisme qu'on débusque presque à chaque page :
Partout c'est la clarté de la vie artisane
L'entrain modeste et dur
Où résonnent les pas et la voix paysanne
D'une race au front pur.
écrit une certaine Claire de Saint Rémy. À mettre au débat sur l'identité nationale !