21 décembre 2008

Suisses










J'apprends par la télévision qu'on a retiré récemment près de trente mètres cubes de déchets divers de la pièce d'eau des Suisses. Dire que j'ai toujours cru que c'étaient des gens propres !

19 décembre 2008

Georges-Yves Kervern

Merci encore à tous ceux qui ont écrit, se sont manifestés ou sont venus à Chabeuil pour assister aux obsèques de mon père. Ils ne peuvent pas savoir comme cela a fait plaisir à ma mère et à toute la famille. J'avais promis de mettre les photos en ligne, les voici : voir les photos ici.
Voici aussi un lien vers le site de l'UTC, qui publie de nombreux et émouvants témoignages d'étudiants, de profs ou d'administratifs anciens ou actuels, qui ont connu Guy Deniélou.
Par une coïncidence funeste, à peine rentrée j'ai appris le décès de Georges-Yves Kervern, figure des rencontres Internet d'Autrans et des voyages de l'ACSEL. Comme mon père (qu'il admirait, je le sais) il était breton, scientifique, humaniste, doté d'un humour décapant et d'une intelligence innovante. C'était «l'Assureur» de mes romans photos. Je perds avec lui un ami bienveillant. Il va nous manquer.

14 décembre 2008

L'entraînement

En prévision de l’épreuve qu’il devait passer, l’homme décida de s’entraîner sérieusement et commença par arrêter de fumer. Sa collection de pipes, désormais inutile, fut léguée à l’une de ses filles qui la vendit à la braderie. Un sculpteur qui créait des formes inquiétantes à partir d’objets de récupération lui acheta le lot pour en faire des becs, des mentons, des doigts. S’il y en eut certains, dans la famille, pour regretter le parfum de miel et de figue du tabac anglais qu’il achetait fort cher, sa calme résolution suscita l’admiration de tous.

À quelque temps de là, il arrêta de boire, et le fit, comme pour le tabac, du jour au lendemain, sans difficulté apparente : plus une goutte d’alcool ne pénétra désormais dans sa gorge, et tant pis pour le porto 20 ans d’âge qu’il prisait fort jusque là. Comme il n’était pas le seul à l’apprécier, il reçut moins de visites à l’heure de l’apéritif. Aux repas, il remplaça le saint-joseph par de la grenadine au grand dégoût de ses commensaux mais ne s’en porta pas plus mal.

Puis, sans même prévenir sa femme qu’il emmenait chaque jour faire les courses au supermarché, il arrêta brusquement de conduire. L’épouse prit l’habitude d’aller faire ses emplettes quotidiennes à pied en tirant son chariot et ne revit plus la mer, la montagne, la ville. Lui non plus, ce qui ne semblait pas lui causer de souci. « Une quoi ? » demandait-il avec une certaine mauvaise foi lorsque quelqu’un prononçait devant lui le mot « voiture ».

Poursuivant son entraînement, il arrêta un jour de jouer aux échecs. Ce champion, qui avait joué contre les meilleurs et avait fait une nulle contre Larsen lui-même, battait régulièrement l’ordinateur dont il avait compris le fonctionnement et connaissait par cœur les parties célèbres et les ouvertures répertoriées. On ne s’étonna donc pas de sa décision, bien qu’il passât ordinairement à sa table d’échecs un temps considérable, concentré sur ses coups et sourd aux conversations. Ce temps fut désormais consacré à la lecture et à la télévision.

J’étais présente lorsqu’il arrêta le repas de midi. Il en fit part le jour même à son médecin, qui n’y trouva rien à redire dans la mesure où il continuait à petit déjeuner et à souper à peu près normalement, mais lui prescrivit tout de même un complément alimentaire protéiné qu’il devait prendre vers 16 heures.

L’arrêt du repas du soir suivit peu après et le petit-déjeuner fut abandonné lui aussi avec la même apparente indifférence. La date approchait maintenant, et l’entraînement devait s’intensifier.

Aussi, quand le jour de l’épreuve arriva, l’homme se sentit parfaitement préparé.

Et sans un mot, après un petit sourire, il arrêta de respirer.

EC

13 décembre 2008

Guy Deniélou


















Guy Deniélou a rendu hier soir son dernier sourire. Né le 14 juin 1923, il avait eu trois carrières et deux vies. Trois carrières, puisque d'officier de marine commandant de sous-marins, il devint chercheur en génie nucléaire au CEN Grenoble puis au CEN Cadarache, et quitta le CEA pour fonder, sur le modèle du MIT, l'UTC (Université de Technologie de Compiègne) dont il fut le premier président. Deux vies, puisque frappé par un accident cérébral peu de temps après ses 60 ans, il se considérait comme littéralement ressuscité, ayant dû réapprendre à marcher et à parler. Grand joueur d'échecs, il avait poussé le bois contre Larsen, mais aussi contre Le Lionnais qui lui offrit Le prix de beauté aux échecs dédicacé et l'invita à sa table. Latiniste, érudit, amateur de calembours, de contrepèteries et de jeux oulipiens, excellent cuisinier, curieux de tout et toujours optimiste, il aborda la fin de sa vie avec l'humour qui ne l'avait jamais quitté. C'était mon père.

12 décembre 2008

Oulipo : Autoportraits

«Autoportraits» hier soir au dernier jeudi 2008 des Oulipiens. J'avais déjà entendu la plupart de leurs variations désopilantes sur un texte de Paul Fournel, mais pas encore celle de Marcel Bénabou, qui s'est surpassé. Anne F. Garréta et Valérie Beaudouin ont lu des TTS (comprendre : tu te souviens...) et Michelle Grangaud des listes de mots désignant la femme, mais classés par ordre historique d'apparition dans le dictionnaire. Jacques Roubaud, à tout seigneur tout honneur, s'est contenté de poser (avec chronomètre toutefois). Puis est venu le moment que tout ceux qui avaient assisté à l'avant-dernière séance attendaient avec impatience, et quelques doutes. Celui de la révélation, par l'éditeur de La Princesse Hoppy ou le conte du Labrador, du secret du langage chien supérieur. Pas moins de 20 slides lui ont été nécessaires pour sa démonstration. On savait déjà que les seules lettres utilisées étaient celles du mot ULCERATIONS. Et moi j'avais, en tant qu'adepte du SQWBRNZ, deviné que «t'cea» signifiait «c'est». Mais je n'avais pas songé à permuter les lettres à chaque vers. Finalement, un truc assez simple. C'est décevant !!!

04 décembre 2008

Le peigne noir

Retenus par un peigne incrusté de poussière,
Un objet noir hideux et disproportionné,
Menaçant, agressif comme un vieux pince-nez,
Ses cheveux gris et gras sont tirés en arrière.

La seule place libre étant juste derrière,
Je l’occupe et contemple d’un œil fasciné
Le sinistre occiput, de ce plastique orné.
Je n’ai pu voir qu’un peu le pif de la rombière,

Son rictus méprisant, son teint parcheminé
Ses petits yeux méchants, son menton de sorcière,
Le parapluie pointu qu’elle a en bandoulière,

Et cela m’a suffi, bien que momentané.
Sa voisine pourtant lui conte la dernière,
Et d’un rire soudain fait plisser sa paupière.

EC

03 décembre 2008

Petit Palais


On sait qu’Hervé le Tellier écrit bien. On sait aussi qu’il lit bien. Ce qu’on sait moins, c’est qu’il parle tout aussi bien. Mon amie, Cothurne de Cerisy, se demandait comment il arrivait à rassembler ses idées si vite pour les exprimer avec cette facilité apparente. J’ajouterais que ses phrases semblent prêtes être imprimées. Il parle écrit, mais avec naturel, sans affectation. Et de quoi a-t-il donc parlé, Hervé le Tellier, ce midi au Petit Palais, dans le cadre des «mercredis midi» organisés par la Maison des écrivains et de la littérature ? De l’Oulipo, de l’écriture en général, de la contrainte en particulier. Et qu’a-t-il dit ? Il a dit que l’humour était la moindre des politesses. Que le dérisoire est une posture philosophique et le fragment une forme oulipienne ambitieuse en ce qu’elle envisage le pavage d’un monde, comme une mosaïque. Que les Oulipiens avaient une tendance à la mémoire. Que la contrainte peut être comparée à un tuyau d’arrosage : quand on presse, ça va plus loin. Il a aussi expliqué la structure de la Chapelle Sextine et révélé que ses 26 personnages (13 hommes et 13 femmes) étaient inspirés de ceux qu’il avait vus lors d’une soirée de zapping télé : Sami Frey, PPDA, Patrick Timsitt… Et imaginé une sorte de suite aux Opossums célèbres, qui mélangerait deux par deux, dans des mots valises, des personnages célèbres au sein d'une petite histoire : par exemple, Raspoutinaturner !
J'ai raccompagné Cothurne à son boulot après avoir partagé avec elle une salade nordique dans un pub irlandais, puis je suis rentrée à pied. En passant place de la Madeleine, j'ai vu que la truffe noire fraîche était à 2500 euros le kilo. Je devrais sortir plus souvent !

Vierge merdique

C. m'a raconté cette histoire qui date de quelques années : en visite chez sa sœur et son beau-frère pour quelques jours, elle couche dans le salon. — N'hésite pas, mets-toi à l'aise, lui dit sa sœur; les cassettes vidéo sont ici, regarde-toi un film avant de dormir, bonne nuit !
Sa sœur partie, C. jette un coup d'œil à leur intéressante collection de films, surprise d'y découvrir quelques titres pornos. — Eh bien, se dit-elle un peu interloquée, qui l'eût cru ? Il ne s'ennuient pas, ici !
Continuant son exploration, elle remarque alors une cassette intitulée «Vierge merdique». N'y tenant plus, et malgré un léger sentiment de culpabilité, elle met la cassette dans le magnétoscope et la démarre. Et alors, rien. La cassette était bien vierge, et merdique.

01 décembre 2008

Paris Normandie sur Twitter


Sébastien Bailly vient d'annoncer sur Facebook qu'il lançait un flux Paris Normandie sur Twitter. Je me suis aussitôt inscrite comme follower. Ils sont rares, les medias français à avoir eu cette initiative ! JS me confiait ce matin la réticence des journalistes au seul nom de Twitter. Il pense que ce qui les scandalise le plus c'est la limite de 140 caractères ! C'est pourtant une contrainte réjouissante, je trouve. Et le temps que j'ajoute cette copie d'écran, il y avait déjà 4 followers de plus.