18 janvier 2008

Respiration

Hervé le Tellier s'est arraché, hier soir, au Jeudi de l'Oulipo, avec de petits bijoux qu'il réunira un jour, nous l'espérons tous, dans un Bestiaire hilarant. Il y décrit des copulations d'insectes ou d'araignées à la manière de Godard ou de Robbe-Grillet, ou répond à des questions comme «comment les mouches arrivent à marcher au plafond» ou «comment la fourmi arrive-t-elle à soulever 100 fois son poids» par des explications bidonnantes qui commencent toutes par : Ha ! Eh bien... La salle a apprécié.
Jacques Jouet a parlé de son prochain roman qui traite entre autres choses de l'influence de son état hépatique sur l'engagement politique d'un fonctionnaire colonial en faveur du régime de Vichy. Il a aussi lu de beaux extraits d'un recueil poétique consacré aux arbres du Jardin des Plantes.
Olivier Salon s'est mis à recenser tous les chiottes qu'il a pu fréquenter dans sa vie, y compris les plus inhabituels.
Frédéric Forte a lu l'un des possibles de son poème factoriel «Bristols» : 99 bristols, un vers par bristol, on bat les cartes, on lit. Ce qui m'a rappelé la façon dont j'écrivais en 1985 pour SG2 Nord des parties de dialogues destinées à un robot animateur de forums minitel. (jusqu'à 10 échanges avant que le minitéliste ne se rende compte qu'il draguait une machine !)
Bonus de la soirée, six nouveaux petits films de la série «l'Oulipo court les rues» par Odile Fillon ont été projetés. On y voit et entend Frédéric Forte chanter Nougaro rue de Toulouse, Michelle Grangaud avouer dans un souterrain glauque de la rue du Dr Freud qu'elle a rêvé qu'elle étranglait sa grand-mère, Olivier Salon arracher des brassées de fleurs aux pelouses d'un square pour les offrir à Coraline, ou Jacques Jouet tenter de livrer une bouteille de whisky à un juge blond qui fume.
J'ai acheté Stoned at Bourges de Ian Monk (les mille univers, 12 euros), j'adore le chapitre où il décrit un atelier d'écriture avec des ados boutonneux et coincés.
...
comme eux en principe ils sont dans un cursus bâtiment bien faire
un poème pour moi c'est un peu comme construire une baraque
il faut qu'il y ait une forme une structure et cetera
on me regarde comme le dernier des cons je leur lis deux
ou trois exemples je leur montre l'aspect visuel peu importe

...
Il y a douze mots par vers, comme vous l'aurez certainement remarqué. La structure à vue de nez ressemble beaucoup à celle de ce chef d'œuvre qu'est Plouk Town.

La pizzeria habituelle a ensuite accueilli nos petites troupes. Patrice nous a raconté comment il avait fabriqué sa carte de vœux en forme de casse tête topologique, Alain s'est vite éclipsé non sans nous avoir exhortés à mettre de l'ordre dans la liste Oulipo (trop de nouveaux réinventent la poudre et les calembourbés pullulent).
Michel et Dominique m'ont vivement incitée à m'abonner au blog d'Éric Chevillard ce que j'ai fait aussitôt en rentrant. Comment en effet ai-je pu passer à côté ? Il est génial et je l'ajoute illico à mes liens, non sans une petite citation pour vous donner envie de suivre cet exemple :
Un Français sur deux souffre du dos, dit-on. J’imagine que c’est celui qui porte l’autre.
Ce matin, j'ai retrouvé mon bureau.

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