31 janvier 2008

Panoramas

À l'invitation de Silicon Sentier et de la FING, je me suis rendue hier soir avec H. et D. à l'inauguration de La Cantine, un lieu très branchouille situé dans la galerie des Panoramas, rue Montmartre.
Il s'agit d'une « plate-forme collaborative d’un nouveau genre, à la fois lieu de production et de diffusion dédié aux innovations numériques. » On pouvait y voir diverses productions artisticonumériques (Philippe Lopez, Benjamin Boccas, Mâa, Beast, Elegangz et les Termites), admirer l'architecture intérieure assez réussie, et déguster champagne, sushis et petits fours aux bars installés à l'intérieur ou même dans la galerie où se pressait une foule très dense, dont tout le gratin socialiste local et régional. Delanoe soi-même (que j'ai photographié ici à travers la vitrine en train d'écrire) m'a serré la pince, Jean-Paul Huchon a fait une apparition, et tous ces personnages entourés de gros bras prenaient beaucoup de place. En écoutant parler tous ces socialos entre eux, il était clair qu'ils voyaient l'avenir municipal avec beaucoup d'optimisme. Daniel Kaplan nous a fait les honneurs de ce qui est maintenant le nouveau siège de la Fing, et j'ai croisé plusieurs connaissances que j'ai moins qu'avant l'occasion de rencontrer.

29 janvier 2008

Pressions


Il paraît que Nicolas Sarkozy ferait pression sur Bouton pour qu'il «prenne ses responsabilités» et quitte la Société Générale.

24 janvier 2008

Tertiaire

Je veux décrire en vers mon horizon livide :
Les néons flageolant aux dalles du plafond,
Le fil toujours entortillé du téléfon.
Je veux chanter l’ennui, la moquette, le vide,

La machine à café, son liquide insipide,
La télécopieuse à l’incessant bourdon,
La réunion futile et le rapport bidon,
Le cadre harcelant la stagiaire timide.

Talents inexploités, créateurs méconnus !
Dans ce décor hideux, vous êtes devenus
Aussi grisâtres que la gent paperassière.

Vous êtes écœurés, frustrés, brimés hélas !
Le boulot nourricier vous a rendus trop las,
C'est pour vous que j’écris les sonnets du tertiaire.
EC

22 janvier 2008

Set de table

À l’Épicerie russe, je déjeune de saumon mariné, sur une icône représentant une théophanie (le baptême du Christ). Saint Jean-Baptiste, debout sur la berge en sandales fines, auréole et robe safran, oint délicatement le sommet du crâne d’un Jésus assez bel homme — grand, viril, élancé, sportif, avec des abdominaux en tablettes de chocolat — lui-même vêtu d’une serviette dorée élégamment nouée sur ce qu’elle est censée cacher, et d’une auréole décorée d’une croix. Son bras gauche est replié sur sa poitrine, contre laquelle il serre un rouleau d’écritures que j’espère saintes. Sa main droite pointe deux doigts vers le genou de son cousin tandis que trois autres — oui trois, j’ai bien recompté quinze fois ! — se replient sur le pouce. Il a donc six doigts à la main droite. Je ne crois pas avoir vu d’allusion même lointaine à cette particularité physique dans les évangiles. Ce Christ mutant est représenté au milieu du fleuve, mais sans souci de perspective, comme si l’eau était un plan vertical situé derrière lui. Il n’est donc pas mouillé le moins du monde par un Jourdain peu liquide, symbolisé par un aplat vert marin peigné de pâles ondelettes évocatrices de cheveux plutôt que de vagues. Sur l’autre rive se tiennent pourtant trois anges aux ailes rouges, déférents ou perplexes, qui lui tendent des draps de bain jaunes au cas où. Un quatrième semble subjugué par la colombe blanche s’inscrivant dans un cartouche bleu au dessus de la scène.

21 janvier 2008

Cardinaux


Mais que lis-je à la une du Figaro ?
«Richelieu finance acculé...» !

Il y a bien des cardinaux dans cette situation qui ne s'amusent plus à finasser, allez!

Meilleurs vieux

Sans doute était-ce le cadre inhabituel du Palais de la découverte, avec ses ors, ses stucs et ses poussières, mais la cérémonie traditionnelle des vœux de l'Acsel et du GFII vendredi soir m'a paru soudain plus proche du Bal des vampires que de 2001 odyssée de l'espace. La moyenne d'âge augmente chaque année. J'ai même croisé un fantôme.

Éoliennes

C'était il y a trois semaines, en rentrant de vacances. Au dessus des quatre tours de réfrigération cathédralesques de la centrale de Cruas-Meysse, s'élevaient des panaches de vapeur d'eau qui se seraient confondus avec les nuages s'il n'avait pas fait aussi beau. Je remarquai alors, piètres et minuscules au pied de la dernière tour, deux éoliennes grises, concession dérisoire d'EDF à l'écologiquement correct. Elles ne tournaient pas, faute de vent.

18 janvier 2008

Respiration

Hervé le Tellier s'est arraché, hier soir, au Jeudi de l'Oulipo, avec de petits bijoux qu'il réunira un jour, nous l'espérons tous, dans un Bestiaire hilarant. Il y décrit des copulations d'insectes ou d'araignées à la manière de Godard ou de Robbe-Grillet, ou répond à des questions comme «comment les mouches arrivent à marcher au plafond» ou «comment la fourmi arrive-t-elle à soulever 100 fois son poids» par des explications bidonnantes qui commencent toutes par : Ha ! Eh bien... La salle a apprécié.
Jacques Jouet a parlé de son prochain roman qui traite entre autres choses de l'influence de son état hépatique sur l'engagement politique d'un fonctionnaire colonial en faveur du régime de Vichy. Il a aussi lu de beaux extraits d'un recueil poétique consacré aux arbres du Jardin des Plantes.
Olivier Salon s'est mis à recenser tous les chiottes qu'il a pu fréquenter dans sa vie, y compris les plus inhabituels.
Frédéric Forte a lu l'un des possibles de son poème factoriel «Bristols» : 99 bristols, un vers par bristol, on bat les cartes, on lit. Ce qui m'a rappelé la façon dont j'écrivais en 1985 pour SG2 Nord des parties de dialogues destinées à un robot animateur de forums minitel. (jusqu'à 10 échanges avant que le minitéliste ne se rende compte qu'il draguait une machine !)
Bonus de la soirée, six nouveaux petits films de la série «l'Oulipo court les rues» par Odile Fillon ont été projetés. On y voit et entend Frédéric Forte chanter Nougaro rue de Toulouse, Michelle Grangaud avouer dans un souterrain glauque de la rue du Dr Freud qu'elle a rêvé qu'elle étranglait sa grand-mère, Olivier Salon arracher des brassées de fleurs aux pelouses d'un square pour les offrir à Coraline, ou Jacques Jouet tenter de livrer une bouteille de whisky à un juge blond qui fume.
J'ai acheté Stoned at Bourges de Ian Monk (les mille univers, 12 euros), j'adore le chapitre où il décrit un atelier d'écriture avec des ados boutonneux et coincés.
...
comme eux en principe ils sont dans un cursus bâtiment bien faire
un poème pour moi c'est un peu comme construire une baraque
il faut qu'il y ait une forme une structure et cetera
on me regarde comme le dernier des cons je leur lis deux
ou trois exemples je leur montre l'aspect visuel peu importe

...
Il y a douze mots par vers, comme vous l'aurez certainement remarqué. La structure à vue de nez ressemble beaucoup à celle de ce chef d'œuvre qu'est Plouk Town.

La pizzeria habituelle a ensuite accueilli nos petites troupes. Patrice nous a raconté comment il avait fabriqué sa carte de vœux en forme de casse tête topologique, Alain s'est vite éclipsé non sans nous avoir exhortés à mettre de l'ordre dans la liste Oulipo (trop de nouveaux réinventent la poudre et les calembourbés pullulent).
Michel et Dominique m'ont vivement incitée à m'abonner au blog d'Éric Chevillard ce que j'ai fait aussitôt en rentrant. Comment en effet ai-je pu passer à côté ? Il est génial et je l'ajoute illico à mes liens, non sans une petite citation pour vous donner envie de suivre cet exemple :
Un Français sur deux souffre du dos, dit-on. J’imagine que c’est celui qui porte l’autre.
Ce matin, j'ai retrouvé mon bureau.

15 janvier 2008

Régime

À midi, pour manger, quand on suit un régime,
Le choix n’est pas facile ; il faut se débrouiller.
Mes collègues fauchés vont se ravitailler
À la sandwicherie. Cette idée me déprime.

Au Monop quelquefois je prends du pain azyme
Que je grignote avant d’aller retravailler ;
Sinon j’aime gober six huîtres à Villiers.
Goût de luxe ? Plutôt souvenir maritime…

Mais la plupart du temps, la bouffe japonaise
Suffit à mes besoins et j’avale à mon aise
Sashimis et makis, sushis et shirashis.

Ça ne fait pas grossir, surtout si on l’arrose
Au thé vert. Les Nippons ont bien saisi la chose* :
Surfant sur cette vague ils se sont enrichis.

EC

* Oui, je sais, c'est fait exprès !!

Cadre sup

Dehors le jour ne s’est pas encore levé.
Bien qu’une hôtesse ait remplacé le vieux vigile,
L’immeuble est silencieux, inquiétant, trop tranquille ;
Le gros des troupes n’est pas encore arrivé.

On presse le bouton d’un étage élevé,
L’engin démarre son ascension malhabile,
On y reste debout, hébété, immobile ;
Tout à coup, en sortant, on se sent observé.

Car j'ai droit chaque jour au même numéro :
Sa porte est grande ouverte, elle est à son bureau
Comme elle était hier soir après huit heures trente…

Comme elle a de travail, quel courage, quel cran,
De trimer quatorze heures devant son écran !
En la voyant, la culpabilité me hante.

EC

12 janvier 2008

Barbarisme

Dans le dernier numéro de l'Internaute, webzine géré comme le Journal du Net par Benchmark Group, on peut lire dans une des légendes du diaporama «Paris vu du ciel» cette phrase délicieuse:
En décollant de l'héliport du XVe arrondissement, on peut observer toute la majestueusité de la Toour Eiffel avec ses dimensions impressionnantes.

10 janvier 2008

Ordures

Je ne comprends pas les Napolitains.

Ils laissent leur belle ville pourrir sous les ordures alors qu'ils disposent d'un super incinérateur avec une cheminée de 1281 mètres, l'un des plus performants au monde.

09 janvier 2008

Ascenseur

Rue des Dames, slalom entre les déjections :
Levant leurs parapluies, vêtus d’imperméables,
Sur le trottoir étroit, trois piétons très affables
Tentent de se croiser avec des contorsions.

Les glaçons de néon rangés en suspension
Sur la rue de Lévis, coulent, inexorables,
Tandis que l’on perçoit, adressées aux portables,
Des bribes de conver, des morceaux de sation .

Le flair émoustillé de parfums de miction,
Un chien lève la patte sur un bac à sable ;
Un enfant sur son dos porte son lourd cartable.

Des étages sans fin j’entame l’ascension,
En priant que jamais cet engin pitoyable
Ne suive mon exemple et ne me pète un câble.

EC

Boules

Nicolas Sarkozy a été brièvement hospitalisé au Val de grâce pour une angine compliquée en phlegmon, juste après l'annonce de son divorce d'avec Cécilia, nous apprennent les journaux ce matin. Fausse angine ostentatoire de Cécilia puis divorce, puis vraie angine cachée de Nicolas ? Je ne crois pas au hasard dans ce genre de truc. Moi, ce sont des otites que j'attrape quand j'ai du mal à entendre quelque chose. Sarko, il y a des choses qu'il a eu du mal à avaler. Et donc il a eu littéralement les boules. Il faut d'ailleurs qu'il se les fasse enlever, les boules, car c'est dangereux, ça a tendance à récidiver.

04 janvier 2008

Journalisme

On l'a vu sur LCI, on l'a entendu sur Europe 1, le parfait inconnu qui se prétendait élu « président international de Facebook », excusez du peu. Et sa petite gueule pincée de jeune cadre dynamique style années 70, on la voyait partout. Pire, tout le petit monde journalistique avait l'air de trouver ça normal, personne n'ayant pris la peine ni de citer ses sources, ni de vérifier l'information auprès de Facebook (par exemple) qui vient de démentir officiellement la chose. Je partage le jugement d'Emmanuel Parody (voir l'article sur son blog Ecosphere ici) sur la gent journalistique mais pas sa colère : moi ça me ferait plutôt rigoler. Il y a longtemps que je n'ai plus d'illusions sur ma profession initiale !

03 janvier 2008

Cades

Je confirme au jeune Patrice B., auteur de la question en commentaire sur mon post d'hier, qu’il n’y a en Ardèche aucun péage pour empêcher de pénétrer les bartasses qui se protègent bien toutes seules.
La preuve c’est que même les tôles se déchirent à leurs épines. Les ânes piqués par ces épines braient, braient, braient, tandis que les cailles, elles, poussent plus avant.
De plus je livre à sa réflexion sagace ce que tout psychanalyste installé sur la Côte d’Azur sait depuis longtemps : il ne faut pas confondre Œdipe de Cannes avec épine de cade.

02 janvier 2008

Bartasses


Grisâtre reprise après les journées sans nuages de l'Ardèche et les balades digestives dans les bartasses, en face de la chaîne du Tanargue, quelque part à côté du Bourbouillet. De brèves vacances, essentiellement occupées à entretenir le feu et les bonnes relations familiales.