30 mai 2007

Ma vue


Depuis plusieurs mois il y a des travaux sur les toits d'en face de mon bureau. Les couvreurs isolent et rezinguent entièrement l'immeuble. Un côté, celui que l'on voit, est déjà terminé. L'autre est en cours. Ils préparent leur plaques dans la petite cahute de planches qu'on les a vu construire au sommet et dont les murs sont en feuilles de plastique vert translucide. Le ciel est gris comme le zinc. Et comme la souris avec laquelle j'ai immortalisé cette scène sur Paint.

22 mai 2007

Lille

Week-end à Lille, ensoleillé le samedi, pluvieux le dimanche, mais nous avons quand même pu nous balader le matin au marché de Wazemmes où j'ai fait quelques photos avant de déjeuner chez M et Y. L'après midi, expo Philippe de Champaigne au musée des Beaux-Arts : les portraits sont saisissants — notamment la série de Port Royal — et sa technique du drapé absolument parfaite. J'ai découvert à cette occasion que le monsieur qui était en médaillon sur mes Pensées de Pascal n'était pas Pascal, mais un certain de Sacy, lointain ancêtre de Martin. Quant à Colbert, il avait plutôt une bonne gueule. Tous ces gens nous ressemblent finalement beaucoup. La veille, nous avions vu quelques expos de photos sur le thème du cinéma, fait connaissance avec le chat de N. et R., rendu visite à une vieille copine, pris le thé chez Meert, et dîné au libanais de la rue des Postes. Conduits à la gare dans la nouvelle Honda de Raf, nous avons repris le train pour Paris...

18 mai 2007

Accident


Ce matin, vers 8 h 25, alors que je m'apprête à traverser l'avenue en direction de la rue des Dames, un choc, un bruit effroyable de ferraille brutalement écrasée me fait sursauter. Je tourne les yeux et comme dans une bande dessinée, je vois un type en l'air, un motard, qui retombe lourdement sur le sol. Il vient d'être percuté au feu rouge, semble-t-il par l'arrière, par une petite smart noire. Premier réflexe, appeler les pompiers, mais mes doigts tremblants n'arrivent pas à taper sur les touches. Une dame m'aide. Des passants croyant bien faire déplacent la moto accidentée. Les minutes s'écoulent, le motard étendu sur la chaussée bouge une jambe et je me dis ouf, la colonne vertébrale n'est pas touchée. Les pompiers arrivent enfin et je les vois de près accomplir les gestes que je les ai vu de loin faire si souvent, sur ce carrefour dangereux que mon balcon domine et d'où je les ai parfois photographiés en pleine action : d'abord parler au blessé, puis retirer son casque avec une dextérité incompréhensible (c'est déjà dur à enfiler, un casque), puis poser une minerve, puis lui retirer son blouson sans qu'il ait à bouger les bras, puis le soulever à trois tandis qu'un quatrième glisse le brancard sous lui, puis pomper pour gonfler le matelas coquille et l'emmener dans le camion. Les flics arrivent alors et je rédige ma déposition de témoin. Le jeune conducteur de la voiture en cause semble mal à l'aise, il me dit : je ne roulais pas vite, vous l'avez vu. Je réponds que non, je n'ai rien vu avant d'avoir vu le motard en l'air, et je m'éloigne. Son haleine sent l'alcool.

15 mai 2007

RoBoston


Jean-Michel Billaut (que j'avais surnommé « Billauman » au temps des internénettes) est actuellement à Boston, à la 4e robobusiness conference, et je crois bien que Carole y est allée aussi. Encore un voyage d'étude où je ne les accompagnerai pas, hélas. Mais à part ça, Jean-Michel vient d'ouvrir son second blog, qui s'appelle Révolution 3.0, consacré aux nanotechnologies. Je ne saurais trop vous conseiller d'aller le visiter. Le premier article est consacré à une expérience de régénérescence de moelle épinière sur des souris, menée à la Northwestern University aux USA. Ce que Carole pressentait comme progrès dans le domaine médical, et que j'avais écrit après en avoir parlé avec elle, dans un article internenettes de 2002, commence enfin à prendre corps.

14 mai 2007

Tornade


Méfiez-vous des danses africaines : si vous n'en maîtrisez pas parfaitement les codes, elles peuvent avoir des conséquences abominables. C'est ainsi qu'hier, je fus arrachée de devant mon écran par des tambours aux rythmes sauvages. De mon balcon, je vis des couleurs violentes, des danses effrénées, des gens à demi nus. Eh bien, moins de deux minutes plus tard, le ciel est devenu noir, un vent terrible s'est levé, un déluge est tombé, j'ai eu toutes les peines du monde à fermer les fenêtres. À mon avis, quelqu'un a fait une erreur.

05 mai 2007

Foumon


Nous évoquions, au déjeuner, la mort précoce d'une parente éloignée, atteinte d'un cancer. Le jeune N., bientôt 9 ans, tout en dévorant ses crêpes, tâche qui semblait totalement l'absorber, gardait cependant l'oreille aux aguets. — « Il paraît qu'elle ne pesait plus que 30 kilos » , dit quelqu'un. Alors le jeune N., levant son innocent petit nez de dessus son assiette : « elle avait un cancer du poids ? »

04 mai 2007

Bleu du ciel


Excellente séance de l'Oulipo sur « le bleu du ciel » hier. Avec en prime six nouveaux films délicieux tirés de la série réalisée par Odile Fillon pour une chaîne du câble : ils durent 2 minutes chacun, les plans durent 10 secondes, chacun d'eux met en scène un oulipien dans une rue ou un lieu parisien. Marcel Bénabou rue Perec, se demande pourquoi on a donné ce nom à une rue si campagnarde, alors que Perec détestait la campagne. Olivier Salon, en anorak, traverse à ski la rue de la Glacière pour aboutir au Pôle Nord, un bistrot de la rue du même nom. Jacques Jouet s'invite chez Duchamp, Michelle Grangaud devant une vitrine de la rue de Cléry où sont exposés des mannequins sans tête évoque la guillotine qui coupa celle d'André Chénier, Salon encore lui s'interroge : pourquoi la rue Sarrette ? Au dîner, A.Z. nous a montré la copie d'un manuscrit de Nerval portant une version du Desdichado assez bizarre (« j'ai dormi dans la grotte où verdit la Sirène » au lieu de « j'ai rêvé dans la grotte où nage la Sirène »).

Ce matin, ayant entendu Catherine Nay, qui commentait le plantage de Ségo et Sarko sur la part du nucléaire dans la production d'électricité, se mélanger à son tour les pinceaux entre production et consommation, j'ai décidé d'aller à la source, c'est à dire aux statistiques du ministère de l'industrie, que je livre ici : La production totale nette d'électricité s'élève à 548,8 TWh. Elle se répartit en 428,7 TWh nucléaires (78,1 %), 57,1 TWh thermiques classiques (10,4 %), 60,9 TWh hydrauliques (11,1 %) et 2,2 éoliens et photovoltaïque (0,4 %). Comme ça, ça sera dit.