25 février 2007

Lille

Retour de Lille, où nous avons visité l'appartement que louent N. et R. : un deux pièces refait à neuf, dans la rue même où j'habitais il y a... hum... une trentaine d'années.
Ce matin, fidèles à la tradition, nous avons arpenté le marché de Wazemmes, sans M. qui, un peu malade, n'avait pas voulu affronter ce temps gris, froid et pluvieux. Et devant le marché aux animaux (pigeons, poules, chiens) nous avons été abordés par Max, un journaliste anglais (cheveux gris, yeux bleus, la petite quarantaine) et son cameraman (la cinquantaine bien tassée, cheveux blancs assez longs), qui affirmaient travailler pour Al Djezirah et avaient cru reconnaître en notre petit groupe la maman, le fils et la fille d'une famille de french muslims typique. Fatale erreur.
Je n'étais pas voilée, ni N., mais malgré ça c'est au mâle R. qu'ils se sont adressés, lui demandant son avis sur le Pen. (Ce dernier était en effet de passage à Lille, où il ferait paraît-il 14 %, ce qui avait provoqué une manif des anars et autres extremegauchistes.)
R. a répondu posément, exprimant sa confiance dans le vote des Français. Ils ont eu l'air un peu déçus quand il leur a dit à la fin qu'il était Portugais.

22 février 2007

léger léger, on décompresse

Le pauvre Dupont-Aignan, dissident de l'UMP, se plaint ne n'avoir pas encore réussi à réunir ses 500 signatures. Je lui conseille de suivre l'inclination naturelle de son nom, d'aller voir les maires et :
— « Du gnon, et pan ! »

À part ça, j'ai adoré l'intervention de Gelluck à l'émission de Ruquier hier soir, à propos du match de foot Lyon Rome. L'équipe de Lyon, qui n'avait pas encore joué, avait été reçue par le pape.
Et Gelluck : — « Benoit 16, Lyon 0 » !

18 février 2007

Anagrammes

J'ai remarqué il y a quelques jours qu'une des anagrammes de Loin de Rueil était :
« Lire d'un œil ».

Şardone


Şardone, en azerbaïdjanais, ça se prononce « Chardonnay ». Nous avons donc bu samedi cette bouteille de şardone, que L. nous avait apportée. Franchement, ce n'était pas la bouteille du siècle, et heureusement qu'il nous restait une bonne vieille bouteille de Chardonnay ardéchois en réserve. Mais cela nous a permis d'apprendre plein de choses sur ce pays, et d'abord qu'il y fait assez beau pour qu'on y cultive la vigne. Ensuite que leur langue est une langue proche du turc, c'est à dire agglutinante et qui pratique l'harmonie vocalique. Leur alphabet est latin avec quelques lettres surnuméraires, comme le ə qui, contrairement à ce qu'on pourrait penser, n'est pas un schwa, mais une voyelle « basse supérieure antérieure non arrondie », qui se prononce quelque part entre le « è » et le « eu » (le eu de peur, pas celui de meuh), bref le [æ] de l'alphabet phonétique. L. part pour Bakou dans quelque temps, il devra faire attention : le régime azerbaïdjanais, quoique aligné sur les USA, n'est pas précisément démocratique. Les Russes, eux, soutiennent les Arméniens. N'y aurait-il pas là dessous une histoire de pétrole ? Là encore, Google Earth s'avère d'une grande utilité. Je n'avais pas repéré que l'Azerbaïdjan avait une frontière commune avec l'Iran.

Scriptorium

Le temps passe vite en ce moment : plus d'une semaine que je n'ai pas blogué ! Il s'est pourtant passé des choses dignes d'être racontées. Par exemple, j'ai lu le dernier Paul Auster, Dans le scriptorium, et je l'ai trouvé excellent. L'histoire est courte, admirablement construite, et autoréférente (évidemment). Un monsieur vieux mais sans âge, sans mémoire, et dont le nom exprime à la fois le vide et la blancheur (Mr Blank) se trouve dans une chambre d'hôtel ou d'hôpital dont il ne peut sortir (est-elle d'ailleurs vraiment fermée à clef ?) mais où pénètrent successivement plusieurs personnages qui semblent le connaître mieux qu'il ne se connaît lui-même. Sur un bureau, le manuscrit d'une histoire uchronique et inachevée qui évoque par moments celle de l'extermination des natives americans, et une pile de photos d'hommes et de femmes — dont ceux, justement qui viennent le visiter, sur lesquels il essaie de mettre un nom. Un nom qui rappelle quelque chose aux lecteurs de Paul Auster, car ces hommes et ses femmes sont les personnages de l'écrivain, Mr Blank ou Paul Auster. Je n'en dirai pas plus mais sachez qu'en ouvrant le livre, j'ai pensé au Chiendent de Queneau, et en le refermant au Vol d'Icare du même.

11 février 2007

Désert

Ceci n'est ni un tableau, ni à proprement parler une photo. Même si c'est un tableau ou une photo que j'aurais aimé faire. Ce n'est qu'une capture d'écran, réalisée alors que je voyageais sur Google Earth quelque part entre le Yemen et le Bahrain. Les formes arrondies de ces reliefs m'évoquent une foule de spectres vêtus de leurs linceuls qui essaient vainement d'émerger du magma où ils grouillaient. Une anti résurrection en quelque sorte. Ou une illustration pour l'enfer de Dante.

09 février 2007

L'amour au travail

L'amour au travail, c'est dangereux et comme le dit la sagesse populaire, qui parle d'expérience, « pas de zob dans le job ». Mais l'amour au travail, ça peut aussi être réjouissant, comme le prouve le spectacle d'hier soir à la BN. Jacques Jouet avait écrit pour la radio seize variations sur ce thème, en s'imposant les 3 contraintes suivantes : chaque pièce devait impliquer trois personnages, la scène devait de passer dans un seul lieu (professionnel), et un acte sexuel devait y être pleinement consommé. Pour la représentation d'hier soir, dont il avait assuré lui-même la mise en scène, il avait retenu 6 de ces sketches : Vendanges, Au bureau, Le plus vieux métier, Pendant le conseil restreint, Dans l'infirmerie de campagne, et À la pêche en mer.
Toute la difficulté de l'adaptation à la scène, comme il le dit lui-même, c'est « Comment trouver la légèreté dans la situation scabreuse ? Comment évoquer les lieux sans tomber dans leur illustration conventionnelle ? Comment garder à l'ambiance érotique son pouvoir d'abord imaginatif, aux antipodes du ‘spectacle sexuel’ (strip-tease, théâtre X, peep-show...) ? » Adaptation réussie. Peu ou pas de contact entre les acteurs, mais plutôt des suggestions de contact, des lieux parfaitement évoqués par les gestes (notamment dans Vendanges et dans À la pêche en mer), et un humour omniprésent, qui vire du rose (Le plus vieux métier) au noir (Dans l'infirmerie de campagne) en passant par les couleurs du vaudeville (Pendant le conseil restreint). Espérons qu'un public encore plus large (la salle était pleine) aura bientôt le plaisir d'assister à ce spectacle dans un vrai théâtre.

06 février 2007

Ombre

Je suis tombée en rangeant mes dossiers sur cette photo de statue que j'avais prise il y a déjà quelque temps au musée des années 30 de Boulogne-Billancourt, et que je trouve assez mystérieuse.
L'occasion de recommander chaudement la visite de ce musée peu connu, qui réunit non seulement des tableaux et des sculptures de l'époque, mais aussi des meubles, des gravures, des affiches, et des maquettes d'architecture. Il accueille aussi des expositions, comme celle sur Tamara de Lempicka.

05 février 2007

CRX

Suite de l'interview de M. B. , hier, avec A. Cétait passionnant, parce qu'il est rentré dans le détail de sa technique d'écriture, à base de fiches accumulées, qui s'intègrent dans des ensembles de plus en plus homogènes. Nous avons environ 6 heures d'entretiens, qu'il s'agit maintenant de monter et de transcrire. Gros boulot en perspective.

R. et N. sont repartis ce matin aux aurores pour Lille. Par le TGV, comme ils étaient venus. Leur voiture, une petite Honda CRX des années 80, à laquelle ils étaient très attachés, a été volée et incendiée là bas, par une poignée d'ados, tellement cons qu'ils ont cassé une roue en se prenant un trottoir au bout de 30 m, et n'ont même pas pensé à piquer l'autoradio avant de mettre le feu. Ne jamais garer une voiture au look sportif et immatriculée 75 dans un quartier excentré de Lille...