29 janvier 2007

Orient

Ce matin, sur le pont de la rue des Dames, le soleil levant donnait aux nuages une étrange lueur abricot, qui dorait à son tour les rails de chemin de fer, brillants d'humidité.
Le dimanche avait été sinistre de grisaille. La veille, comme M. et Y. étaient de passage à Paris, nous étions allés ensemble au musée Guimet, où sont exposés des milliers et des milliers de statues, de poteries, d'estampes, de meubles et de vêtements orientaux, récupérés au cours des siècles coloniaux. Il y a de pures merveilles : cette statue dorée surprenante, aux « mille bras et aux mille yeux », ces antiques « BD » japonaises racontant le travail de l'or — avec un ouvrier à qui un contremaître peigne les cheveux pour récupérer la poussière d'or, un Bouddha tellement zen qu'on pourrait s'hypnotiser tout seul rien qu'en le regardant, des meubles au look art déco mais datant du XVIe siècle, etc. Un groupe de Chinois s'extasiait sur les plats et les assiettes du 4e étage. Leur interprète a demandé à M., penché sur une boîte en nacre, ce qu'il pensait de l'art chinois. Comme il en a dit du bien, elle s'est rengorgée avec fierté.

23 janvier 2007

Tête de veau

Rien que des bonnes nouvelles : le taux de cholesterol de M. semble stabilisé au plus bas, j'ai une commande passionnante en vue, R. a trouvé un boulot à Lille, mon futur petit fils s'annonce, et à midi il y avait de la tête de veau. Que demande le peuple ?
Plus fastidieux, les réglages de la version 3 d'Habiletés. Peu à peu, chaque soir, j'y ajoute un bout, j'en corrige un autre. C'est loin d'être terminé, je ne sais pas encore quand je ferai ma redirection. Pour le moment, il n'y a qu'un lien sur habiletes.com invitant à visiter la prochaine version.
Vu ce soir P., qui peste aussi contre les CSS. C'est chouette mais bon... Quand c'est parfait sur un navigateur, c'est moche sur l'autre.

20 janvier 2007

Soldes





















N. a trouvé un stage de fin d'études à Lille et s'en va là bas dans le Nord. Une dernière fois, nous avons fait les magasins (et donc les soldes) ce matin, toutes les deux. Voilà pourquoi je publie un portrait que j'avais fait d'elle il y a quelque temps, intitulé « N. à sa toilette ». L'avenir est maintenant de son côté.
Quant à moi, j'ai mis en ligne prudemment la nouvelle version d'Habiletés, pas finie, pas parfaite, mais ce ne sont que mes débuts en CSS, avec le site que j'ai fait pour les psys.
Quand tout sera arrangé, liens manquants, rubriques pas complètes, etc., je mettrai une redirection en place, à partir de l'adresse officielle habiletes.com.
Ce matin, en plein « magasinage » comme dirait ma copine Odile au Canada, j'ai reçu un coup de téléphone surprenant. Un chanteur lyrique me demandait si j'étais d'accord pour qu'un de mes poèmes soit mis en musique, à l'occasion de son examen d'entrée en 3e cycle, par une compositeure et prof de composition contemporaine. Déjà mon « marathon des cœurs » avait été mis en musique par Martin Granger et donné en pestacle à Lille. Le même Martin avait aussi chanté une fois ma liste de petits métiers « on recherche ». Bref c'est la gloire !!!

17 janvier 2007

Hasard

Le hasard a fait que j'ai revu le film Harry, un ami qui vous veut du bien le jour où je terminais le dernier livre d'Arturo Perez Reverte, Le peintre de batailles. Hasard, car dans les deux cas, il s'agit de la rencontre d'un homme avec son double (son inconscient ou sa conscience) pendant une crise existentielle. Mais là s'arrête la ressemblance. Car « Harry » peut très bien se lire au premier degré comme un thriller hitchcockien (ce à quoi s'est d'ailleurs arrêtée la majorité des critiques), tout en restant un excellent film. Ce n'est qu'en « épluchant l'oignon », comme aurait dit Queneau, qu'on s'aperçoit qu'Harry est finalement plus que le simple camarade de classe débordant de bonne volonté qu'on nous donne à voir. Il matérialise en effet l'inconscient innocent du héros, capable de réaliser instantanément ses désirs les plus secrets, en toute facilité, en toute simplicité. Meurtre des parents envahissants et du frère débile, possession d'un gros 4x4... Il est aussi son surmoi, celui qui lui « fait la morale », réussit à libérer enfin sa créativité littéraire longtemps retenue (la scène se passe d'ailleurs dans les toilettes !), et trucide la blonde lascive et sans cervelle qui vivait quelque part dans ses rêves les moins avouables.
Le peintre de batailles ne présente pas ces différents niveaux de lecture. S'il s'agit bien d'un homme à qui sa conscience vient rendre visite sous l'apparence du personnage d'une de ses photos de guerre, on n'arrive pas à croire à leur dialogue, tant il est philosophique — au sens « essai philosophique » du terme. Très écrit, pas transposé, tout simplement impossible à entendre dans la réalité par des gens de chair et d'os qui se parlent. D'ailleurs les personnages sont-ils vraiment des personnages, ou des allégories ? C'est en tout cas un livre ambitieux, noir de suie et rouge de sang, qu'on lit sans lâcher, et dans lequel l'auteur explicite à travers le personnage principal, peintre et ex photographe, quelques uns des thèmes qu'on trouve dans ses romans antérieurs, comme le thème de l'échiquier. Une vision du monde s'y exprime aussi, pas très optimiste.

14 janvier 2007

Classique

Hier vers 15 h 30, sur un banc de la station Place de Clichy, un clochard étendu sur le dos mêlait ses ronflements aux flots de musique classique que déversaient les hauts-parleurs. Au pied du banc, des bouteilles vides en plastique émergeaient d'une quinzaine de sacs, eux aussi en plastique, sur lesquels il était écrit : « J'aime vous faire gagner ».

12 janvier 2007

Microsoft et l'Inria

Tiens, justement, je parlais de mon neveu Malo, eh bien Libération en parle aussi, à cette adresse.
En effet le centre de recherche où il travaille à Orsay, commun à l'Inria et à Microsoft, et dirigé par Jean-Jacques Lévy, vient d'être inauguré, et ils ont eu les honneurs de la presse et même de la télé (FR3 seulement, restons modestes tout de même).
Il se trouve que Malo, 24 ans et thésard, est comme dit Libé, « le benjamin de l'équipe ». Il a fait l'été dernier un stage dans le Microsoft research center de Cambridge, en Angleterre. Moi, sa tata, j'avais visité celui de Redmond, près de Seattle, dans le temps (sigh !). Le centre commun Inria/Microsoft Research d'Orsay comprend une douzaine de chercheurs dont sept permanents (quatre de l'INRIA et trois de Microsoft), nombre qui devrait doubler rapidement. Et que cherchent-ils ces braves gens ? Houlà ! Je préfère vous renvoyer à ce qu'en dit Jean-Jacques Lévy lui même, moi je me contente de comprendre les blagues de mon neveu et apparemment on n'est déjà pas si nombreux !

11 janvier 2007

Rions un peu

J'adore les blagues mathématiques que raconte mon neveu Malo et ne peux résister au plaisir de vous les faire partager ici, car cet animal ne blogue pas.

- Quelle est la plus belle formule mathématique ?
- Ln(3)

- Que dit un homme imaginaire à une femme réelle ?
- Viens danser

- Qu'est-ce qui est jaune et complet ?
- Un espace de Bananach

- Que faut-il porter pour aller dans un espace vectoriel ?
- Une combinaison linéaire

etc. etc. Il en a d'autres !

À part ça : le jeu dont on parle actuellement (en tout cas sur notre liste familiale), c'est celui-ci :
Touche touche pas et touche pas touche, qu'est-ce qui touche ?

Pour un oulipien (L'Oulipo ça touche) un peu rompu aux exercices d'ateliers d'écriture, c'est assez vite devinable à l'aide de quelques exemples, comme ceux-ci.

Le casino touche pas mais le casino Partouche touche
La sainte Nitouche touche pas mais la sainte Vierge touche
Le footballeur et le rugbyman touchent mais leurs touches touchent pas
Le cow-boy touche mais l'indien touche pas
Roméo touche mais Juliette touche pas
Castor touche pas mais Pollux touche
Loïc le Meur touche mais Sarkozy touche pas
Ségolène touche pas mais Bayrou touche
Hitler touche pas mais le Führer touche
Jésus touche pas mais Mahomet touche.
Bouddha aussi.
Le vent la pluie et le brouillard touchent, le crachin touche pas.
etc. etc. etc.

Vous avez certainement trouvé.

05 janvier 2007

Passé surcomposé

Rien ne m'énerve plus que de voir écrit « ça eut payé », et qui plus est à la une d'un journal (Libé il y a quelque temps).
L'expression « ça a eu payé », (ç'a eu payé), leitmotiv du fameux sketch de Fernand Raynaud, est encore fréquemment employée aujourd'hui dans la Drôme ou dans l'Ardèche, et plus bas dans le sud. Il s'agit grammaticalement d'un passé surcomposé, temps utilisé couramment dans la langue classique comme le rappelle opportunément l'auteur de la page http://monsu.desiderio.free.fr/curiosites/surcomp.html, qui cite Descartes (Sitôt que j'ai eu acquis quelques notions générales touchant la physique [...], j'ai remarqué jusqu'où elles pouvaient conduire). Remarquez bien que Descartes ne dit pas « que j'eus acquis », qui serait un passé antérieur.
Tout ça, je l'ai eu appris, dans le temps.

03 janvier 2007

Un mercredi presque ordinaire

Prendre l'ascenseur, descendre les 6 étages, faire la bise à la gardienne et lui souhaiter la bonne année. Constater, en levant le nez dans l'air frais du matin, que le ciel a des couleurs de layette à travers les branches nues des platanes. Souhaiter la bonne année à la kiosquière, attraper le Canard enchaîné, le payer, traverser l'avenue et comme le 30 arrive, monter dedans et s'asseoir sur une place libre. Lire les titres et les oublier aussitôt. Descendre au troisième arrêt, admirer les bottes dans la vitrine France Arno, entrer dans la boulangerie Paul pour acheter une brioche sans sucre à 90 cts, marcher jusqu'à l'immeuble du boulot, prendre l'ascenseur, se plaindre du néon qui flageole, monter au quatrième, tirer un court sans sucre à la machine à café, souhaiter la bonne année aux collègues qui rentrent de congés, enlever manteau et écharpe, s'asseoir, déverrouiller l'ordi, relever le courrier, boire le café brûlant en rongeant sa brioche trop cuite. La journée de travail commence.

01 janvier 2007

La soupe dans l'oule




Pet de nonne

Les vacances furent courtes, froides, mais nécessaires. L' Ardèche est belle sans touristes et sans bruits, même si on entend parfois l'aboiement d'un chien, le meuglement d'une tronçonneuse, ou les pétarades d'un feu d'artifice de la nouvelle année. Le brouillard matinal change le relief du paysage en fondant l'arrière-plan dans le gris. Le matin, il faut rallumer le feu qui ne résiste pas à la nuit et faire un café urgent : il fait 4° seulement dans la cuisine ! Dans la chambre, la bouillotte est encore tiède au fond du lit sur lequel on a entassé une tonne de couvertures et d'édredons. À midi, on partage le repas avec les Lattier, et si le brouillard s'est levé, on va se promener l'après midi sur le plateau de Chapias, ou à Chauzon, dans le cirque de Giens où l'on vient de construire un beau chemin tout neuf et où des alpinistes s'entraînent à l'escalade sur les falaises qui surplombent l'Ardèche. Quand on rentrera, il faudra cuire la soupe dans l'oule, ça ne change rien au goût par rapport à une cocotte minute, mais c'est tellement plus joli et ça épate les gosses, de voir cette grosse boule au dessus du feu.
Bonne année deux mille sept peut se dire anagrammatiquement « minable pet de nonne sexuel » ou encore « L'abdomen s'exile en Neptune » ou encore « La bonne expulsée entend : mi ! ».
Car on a le temps de faire des anagrammes, là bas.
Demain, je travaille.