25 novembre 2002

Aube

Hier, donc, au cercle Bernard Lazare, Bernard Magné et Marcel Benabou ont parlé de Perec. Un acteur lisait des passages de différents textes. Benabou a été interrogé sur les rapports de Perec avec sa judéité et avec Israël : ses réponses claires et nettes ont dû décevoir certaines personnes. Mais je retiens surtout une interprétation inédite et intéressante du début des Choses par Magné. Et plus exactement des trois gravures du premier paragraphe,
"représentant l'une, Thunderbird, vainqueur à Epsom, l'autre un navire à aubes, le Ville-de-Montereau, la troisième une locomotive de Stephenson".
À propos de la deuxième, qui témoigne de l'influence de Flaubert, (emprunt à L'Éducation sentimentale) Magné remarque qu'il n'est jamais question d'aubes dans Flaubert. Aube qui renvoie en fait à la mort du père à l'Aube et dans l'Aube (W ou le souvenir d'enfance).
À propos de la première, Magné y voit une évocation de la course de chevaux de La Disparition (roman sans eux) et donc de celle des parents.
Quant à la troisième, elle lui évoque une autre disparition, dans Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?, celle de Kara disparu dans le train. Cette «loco émotive» évoque donc, elle aussi, le 11 février 1943, le départ pour Auschwitz de la mère. Et Stephenson ? Fils de Stephen Dedalus, dans Ulysse de Joyce. Fils de la littérature.
À la fin, je suis allée voir Magné, car j'avais remarqué —illumination— que dans Flaubert aussi il y a l'aube.
Ca a eu l'air de lui plaire, cette idée.

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